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SUASSUNA ARIANO (1927-2014)

Né dans la capitale de l’État de Paraíba le 16 juin 1927, Ariano Vilar Suassuna est mort le 23 juillet 2014, à Recife (Pernambouc). Dramaturge, poète, romancier, essayiste, artiste, il a bâti une œuvre polymorphe qui, avec le mouvement Armorial qu’il a fondé le 18 octobre 1970, a incarné une des fortes expressions de la culture du Nordeste brésilien.

Après avoir présidé la province de Paraíba de 1924 à 1928, son père installe sa famille sur leurs terres d’Acauhan. Les tensions régionales débouchent en 1930 sur la sécession de la municipalité de Princesa, proclamée du 28 février au 11 août par un proche des Suassuna. Le 26 juillet, un parent assassine le nouveau président de la Paraíba, João Pessoa, associé à Getúlio Vargas dans la course à la présidence de la République. Après le coup de force du 3 octobre qui porte Vargas au pouvoir, le père devenu député est assassiné, le 9 octobre, à Rio de Janeiro. La famille trouve refuge dans le Pernambouc et la petite localité de Taperoá.

Tous ces lieux et épisodes, plus ou moins réinventés, prendront place dans l’œuvre de Suassuna, que la vie rurale éveille à la culture populaire : marionnettes du mamulengo, joutes improvisées accompagnées à la viola, petite guitare traditionnelle, poésie de cordel

Achevant le lycée à Recife, sa résidence à partir de 1942, Ariano Suassuna étudie le droit. Dès 1946, il se lie à un groupe de jeunes écrivains et artistes de sa faculté qui viennent de fonder, à l’initiative de Hermilo Borba Filho, le Théâtre de l’Étudiant du Pernambouc (T.E.P.). Découvrant Federico García Lorca, il publie quelques romanceiros adaptés de la culture locale. Sa pièce, Umamulhervestida de sol, remporte le concours du T.E.P. en 1947. L’année suivante, Cantam as Harpas de Sião, récrit en 1958 sous le titre O desertor de Princesa, est monté au T.E.P. Six autres pièces et intermèdes précèdent l’Auto da Compadecida(1955), son œuvre dramatique maîtresse. Connue en français comme Le Jeu de la Miséricordieuse ou Le Testament du Chien (1970), elle est montée en 1956 à Recife, et connaît un succès national, puis international. Si la structure des personnages illustre les hiérarchies et archétypes de la région, le propos, rythmé par les « fourberies » de João Grilo et de son compère Chicó, y est moins de transformation sociale que de réforme morale, instruite lors du jugement final par les apparitions merveilleuses d’un Christ basané et de Notre-Dame de la Miséricorde. Chez cet auteur d’enfance protestante converti au catholicisme, la farce enlevée, la réécriture d’histoires empruntées au cordel, la forme héritée du Moyen Âge ibérique (l’auto initialement associé à la période de Noël et de l’Épiphanie), les transitions du narrateur clownesque, servent une morale inquiète et édifiante. Ce sera encore le cas avec les pièces suivantes, notamment O santo e a porca, variation sur La Marmite de Plaute et L’Avare de Molière (1957). La volonté de créer un répertoire régional « savant » réinvente et nationalise les références européennes à partir de sources populaires, suggérant un mouvement qui va des terres vers le littoral, à rebours de la colonisation. Ainsi, en 1956, Suassuna revisite Tristan et Iseult dans A história de amor de Fernando e Isaura. Le roman n’est toutefois édité qu’en 1994, le théâtre gardant encore les faveurs de l’écrivain.

En 1956, Ariano Suassuna abandonne le métier d’avocat pour devenir professeur d’esthétique. Sa carrière universitaire l’amène, en 1969, à assurer la programmation culturelle de l’Université fédérale du Pernambouc. C’est là qu’il prépare l’éclosion du mouvement Armorial, avec un concert et une exposition d’arts plastiques, tandis qu’il achève, le 9 octobre 1970, le Romance d’A Pedra do Reinoe o Príncipe do Sangue do Vai-e-Volta. Ce « roman » ou[...]

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