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SHARON ARIEL (1928-2014)

Ariel Sharon - crédits : mikhail/ Shutterstock.com

Ariel Sharon

Peu d’hommes auront été aussi controversés qu’Ariel Sharon, général et homme politique israélien, décédé en janvier 2014, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans, après huit années passées dans le coma. En Israël, il avait ses admirateurs séduits par son audace militaire et sa force de conviction, mais aussi beaucoup de contempteurs effrayés par son indocilité et sa brutalité. À l’étranger, il était presque unanimement tenu pour un nationaliste ombrageux, fermé à tout compromis, sauf à l’extrême fin de sa vie, où la mise en œuvre du retrait total et unilatéral de la bande de Gaza lui donna l’image d’un homme d’État responsable.

Ariel Sharon, né Ariel Scheinermann le 26 février 1928 en Palestine, à Kfar Malal, village agricole de la plaine côtière, était fier de cet ancrage terrien, car, à l’instar de nombreux sionistes, il était convaincu que l’édification d’un pays pour les Juifs passait par leur enracinement territorial. Pour défendre cet objectif national, dans un environnement régional hostile, il n’y a pas d’alternative à ses yeux : il faut se battre, les armes à la main. Et Sharon se battra beaucoup, et longtemps. En 1945, il rejoint la Haganah, l'organisation de résistance juive au mandataire britannique, et prend part à la première guerre israélo-arabe en 1948-1949. C’est le début d’une longue carrière militaire marquée par des faits d’armes souvent accompagnés de « dérapages », de bavures ou de polémiques. Au début de l’année 1953, il est ainsi à l’origine de la création de l'Unité 101, une formation de commandos chargés de mener des raids de représailles contre les premiers fedayins palestiniens dans les pays arabes voisins. Son action est efficace, mais, dès octobre 1953, le scandale éclate : un raid dans le village de Qibya, en Cisjordanie, pour détruire les maisons de « terroristes », aboutit à la mort de soixante-neuf civils qui y étaient réfugiés. Même si Sharon déclarera que ces décès n’étaient pas intentionnels, ce tragique épisode illustre bien les dangers de la « méthode Sharon » : privilégier l’action envers et contre tout peut conduire à sacrifier des vies. En octobre 1956, lors de la campagne du Sinaï, Sharon entend ainsi pousser son avantage sur le terrain, alors même qu’il a eu l’ordre de ne pas bouger : trente-huit parachutistes israéliens seront tués. Cet acte de désobéissance pèsera lourd : Sharon ne deviendra jamais chef d’état-major. Il participe à la guerre éclair de Six Jours (juin 1967) et termine sa carrière militaire lors de la guerre du Kippour. Commandant de division blindée, il franchit le canal de Suez au cours d'un raid particulièrement téméraire, coupant en deux les forces égyptiennes, ce qui précipitera la fin de la guerre.

Revenu définitivement à la vie civile, Sharon s’engage en politique. Il est une des chevilles ouvrières de la création, en 1973, du Likoud qui, autour de Menahem Begin, rassemble toutes les forces de la droite nationaliste. La victoire électorale de cette dernière en mai 1977, qui met fin à une hégémonie travailliste de trente années, permet à Ariel Sharon de faire son entrée au gouvernement comme ministre de l'Agriculture. Il utilisera ce poste ministériel, comme tous les autres qu’il occupera par la suite, pour soutenir la colonisation juive en Cisjordanie et à Gaza. Devenu ministre de la Défense en 1981, il joue un rôle décisif dans le déclenchement en juin 1982 de la guerre au Liban (opération « paix en Galilée ») par laquelle il espérait redessiner la carte proche-orientale (chasser l’O.L.P. et la Syrie du pays du Cèdre et installer un régime maronite à Beyrouth). Le bilan se révéla vite catastrophique : considéré comme indirectement responsable des massacres dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila (septembre 1982), il dut démissionner de son poste[...]

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Écrit par

  • : docteur en sociologie politique, directeur de recherche CNRS, CERI-Sciences Po

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Ariel Sharon - crédits : mikhail/ Shutterstock.com

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