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ONASSIS ARISTOTE (1906-1975)

Célèbre armateur grec et l'un des hommes les plus riches du monde (sa fortune était évaluée à un milliard de dollars), Aristote Onassis fut en même temps une personnalité mondaine extrêmement en vue.

Fils d'un riche marchand de tabac, il naît à Smyrne (aujourd'hui Izmir). La prise de la ville par les Turcs en 1922 ruine sa famille, qui s'enfuit en Grèce, d'où le jeune Aristote part l'année suivante pour Buenos Aires.

Standardiste la nuit, il se livre aussi avec succès à l'importation de tabac d'Orient et crée une fabrique de cigarettes. Il devient consul de Grèce et, en 1931, fête son premier million de dollars.

Au début des années 1930, persuadé que la crise économique allait se dissiper dans un proche avenir, il avait acheté pour 120 000 dollars six cargos canadiens qui avaient coûté deux millions de dollars chacun dix ans auparavant. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il était à la tête d'une importante flotte marchande et avait pris livraison de son premier pétrolier. Il met ses navires au service des Alliés. Pour le récompenser, les États-Unis lui cèdent à vil prix vingt-trois liberty ships, à condition que les navires demeurent sous le contrôle de compagnies américaines. L'astucieux armateur tourne cette clause, mais il lui en coûtera une amende de sept millions de dollars.

Qu'importe, Onassis, grâce à la guerre de Corée, devient, avec Stavros Livanos et Stavros Niarchos, l'un des « Grecs en or ». Il a d'ailleurs épousé en 1946 la fille de Livanos, Tina.

Suivant son intuition, il lance en 1953 le premier supertanker du monde. Ses pétroliers géants adaptés au contournement de l'Afrique par le Cap, lui feront gagner 115 millions de dollars pendant la crise de Suez. Il essuie cependant un échec avec une flotte baleinière entre 1948 et 1956. Mais, à sa mort, le 15 mars 1975, il avait en commande six pétroliers d'une jauge totale de deux millions de tonnes, dont deux de 426 000 tonnes chacun, et il possédait cinquante-six navires, dont quarante-cinq pétroliers, soit 5 586 000 tonnes. Tous ces navires, sauf un, battaient des pavillons de complaisance, Liberia, Panamá, Costa Rica. Onassis avait des dépôts dans deux cent dix-sept banques. Il s'est lancé dans de multiples affaires, choisissant de préférence des havres fiscaux pour les quatre-vingt-sept entreprises, situées dans douze pays, dans lesquelles il détenait plus de 33 p. 100 du capital. Il avait acquis en 1956 la majorité des actions de la Société des bains de mer (S.B.M.) de Monaco. Mais son désaccord avec le prince Rainier le contraignit à les revendre, avec profit, en 1967.

En Grèce, Onassis a successivement misé sur tous les tableaux. En 1970, il avait promis aux colonels 600 millions de dollars d'investissements, promesse qu'il n'a pas tenue. Le gouvernement Caramanlis a nationalisé en janvier 1975 la compagnie aérienne Olympic Airways qu'il avait fondée en 1957.

Onassis dirigeait souvent son immense empire à partir de son somptueux yacht Christina, sur lequel il faisait faire des croisières à des personnalités telles que Greta Garbo, Winston Churchill ou Maria Callas, avec qui il eut une longue liaison.

Cet homme, qui avait épousé en 1968 la veuve du président Kennedy, jouissait avec ostentation de sa richesse. De son vivant, il n'a créé aucune institution philanthropique, artistique ou scientifique. Grec (il avait aussi la nationalité argentine), il a sans doute aimé son pays, puisqu'il a voulu être enterré dans la petite île de Skorpios, qu'il avait achetée en 1963. Mais il s'est bien gardé d'y placer ses capitaux. Ce magnat, qui travaillait avec l'argent des autres, alliait le sens des affaires à la soif de paraître d'un parvenu qui, tout en étant entré dans la familiarité des plus grands, ne s'est jamais senti parfaitement leur égal. Pendant des dizaines d'années, il[...]

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Écrit par

  • : journaliste, ancien maître de conférences à l'université d'Alexandrie

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