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ARITHMOMÈTRE DE THOMAS DE COLMAR

Arithmomètre - crédits : Valéry Monnier

Arithmomètre

L’arithmomètre occupe une place prépondérante dans l’histoire du calcul mécanique. Il a été inventé en 1820 par le Français Charles-Xavier Thomas (1785-1870), assureur parisien plus connu sous le nom de Thomas de Colmar. Avec cinq mille exemplaires construits entre 1850 et 1910, c’est la première machine à calculer à avoir été produite en série et commercialisée dans le monde. L’arithmomètre est le fruit d’une longue maturation technique dont les origines remontent au xviie siècle, avec comme principaux contributeurs Wilhelm Schickard, Blaise Pascal et Gottfried Wilhelm Leibniz.

De l’invention au succès commercial

Né à Colmar le 5 mai 1785, Charles-Xavier Thomas participe dès 1809 aux campagnes napoléoniennes d’Espagne et du Portugal, en tant qu’officier d’administration chargé d’assurer l’approvisionnement en vivres des troupes. En 1819, il fonde une première compagnie d’assurances, la Compagnie du Phénix puis, en 1829, la Compagnie du Soleil. Confronté à d’incessants calculs statistiques dans son début de carrière, il eut l’idée de construire une machine capable d’effectuer les quatre opérations  de l’arithmétique. Le 18 novembre 1820, il dépose un premier brevet pour une machine à calculer qu’il nomme arithmomètre – dont le prototype n’a jamais été retrouvé. En 1821, sous la direction de Thomas de Colmar, l’horloger Devrine en construit une version améliorée. L’année suivante, le Bulletin de la société d’encouragement pour l’industrie nationale, sous la plume de Louis-Benjamin Francoeur et de Pierre Hoyau, en fait une description fidèle. Selon une étude réalisée en 2019 par Ina Prinz (directrice de l’Arithmeum de Bonn en Allemagne), cette machine souffre d’une certaine fragilité et son fonctionnement nécessite beaucoup d’attention et d’ajustements, ce qui a sans doute constitué, avec une demande quasi inexistante à cette époque, un sérieux frein à sa commercialisation.

Deux événements vont véritablement permettre l’essor de l’industrie du calcul mécanique en Europe. C’est, d’une part, l’Exposition universelle de Londres en 1851 et, d’autre part, celle de Paris, en 1855. Dès 1848, avec l’aide d’un jeune mécanicien, Pierre Piolaine, Thomas de Colmar redouble d’efforts pour proposer une machine robuste et fiable. Ayant fait fortune avec ses compagnies d’assurances, il dispose de moyens financiers considérables pour mener à bien son projet. En 1850, il dépose un nouveau brevet. C’est le début de l’aventure commerciale de l’arithmomètre. Pour promouvoir sa machine, mais aussi pour faire face à la concurrence naissante (l’Arithmaurel de Maurel et Jayet, les machines du docteur Roth…), il va offrir à de nombreux souverains et chefs d’État d’Europe de somptueuses machines aux boîtes richement décorées. On voit apparaître les premiers numéros de série et les premières notices d’utilisation.En 1855, Thomas de Colmar présente à l’Exposition universelle de Paris un spectaculaire modèle aux allures de piano. Jules Verne est si impressionné qu’il en fera référence dans l’un de ses romans visionnaires : Paris au xxe siècle. À la mort de Thomas de Colmar en 1870, quelque neuf cents arithmomètres étaient sortis des ateliers de fabrication. L’entreprise restera familiale jusqu’en 1887, puis sera rachetée par Louis Eugène Payen, son ingénieur mécanicien. La production annuelle moyenne oscille alors entre quatre-vingts et cent machines, dont plus de la moitié est exportée. Ce sont principalement les banques, les compagnies d’assurances et les industries qui achètent l’arithmomètre.

À la fin du xixe siècle, la concurrence se fait plus dure. L’arithmomètre, qui a régné sans partage pendant plusieurs décennies, commence à être copié un peu partout en Europe. La demande devient réelle. De nouvelles marques commerciales apparaissent (Burkhardt,[...]

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Écrit par

  • : assistant qualifié de conservation du patrimoine et des bibliothèques

Classification

Média

Arithmomètre - crédits : Valéry Monnier

Arithmomètre

Autres références

  • CALCUL ET RATIONALISATION - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 725 mots

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