ARLON

Arlon (31 200 habitants en 2023) est la commune la plus peuplée de la province belge du Luxembourg et son chef-lieu. Elle est située à la source de la Semois, à l’extrême sud-est de la Belgique.

Elle a été, avec Tournai et Tongres, une des trois localités les plus importantes de la Belgique romaine, au croisement des routes de Reims à Trêves et de Tongres à Metz. Un comté d’Arlon est attesté au x^e siècle. Lié au duché de Limbourg à partir du xi^e, il devient marquisat et est rattaché au comté – futur duché – de Luxembourg au début du xiii^e siècle. Arlon fait partie du département des Forêts durant la période française, et de la province du Luxembourg pendant la réunion de la Belgique et des Pays-Bas (1815-1830). La promotion d’Arlon au statut de chef-lieu de province intervient en 1839, au moment de la division de la province du Luxembourg : l’ouest de celle-ci, de dialecte wallon ou lorrain, resta à la Belgique ; l’est, de dialecte francique mosellan, fut érigé en Grand-Duché en union personnelle avec les Pays-Bas. La population d’Arlon et de ses environs pratiquait le dialecte germanique, le français n’y devenant d’usage majoritaire qu’après la Première Guerre mondiale, et le dialecte disparaissant après la Seconde. La région aurait donc dû être rattachée au Grand-Duché, mais la France s’y opposa, ne voulant pas que la route stratégique de Longwy à Liège et Bruxelles, passant par Arlon, puisse tomber sous le contrôle de la garnison prussienne qui restera installée dans la forteresse de Luxembourg jusqu’en 1867. Arlon est ainsi devenue non seulement le chef-lieu du petit arrondissement constitué de communes de dialecte germanique non rattachées au Grand-Duché mais, en outre, celui de la province belge, avec une situation très excentrique.

Ce rôle administratif ainsi que l’arrivée du chemin de fer reliant Bruxelles à Luxembourg en 1858-1859 et l’implantation de la gare-frontière ont favorisé le développement de la ville. Desservie par les autoroutes reliant Bruxelles et Liège à Luxembourg, elle accueille depuis 1989 une importante implantation du groupe international de confiserie Ferrero, qui fournit entre 850 et 1 100 emplois selon les saisons. Mais sa prospérité actuelle est avant tout liée à la proximité (28 km) de Luxembourg : située dans le bassin de main-d’œuvre de cette dernière, Arlon est une ville attractive, avec un immobilier moins cher qu’au Grand-Duché, alors que les navetteurs bénéficient des salaires luxembourgeois élevés et de la taxation sur les revenus au lieu de travail bien moins forte qu’en Belgique.

— Christian VANDERMOTTEN