GATTI ARMAND (1924-2017)
Révolutions et résistances
D'être devenu, progressivement, un auteur et un metteur en scène reconnu n'a toutefois pas éloigné Gatti des maquis. Ses pièces se font l'écho des luttes d'émancipation que connut le xxe siècle. Cinéaste, il a tenté, en 1962, dans El otro Cristobal de trouver le langage adéquat pour dire la révolution cubaine. Dans L'Homme seul, en 1967, il s'intéresse au destin d'un révolutionnaire chinois saisi par la défaite. Mai-68 radicalise une situation en passe d'être intenable. Sa pièce La Passion en violet, jaune et rouge (1968) est interdite de représentations au Théâtre national populaire par le pouvoir gaulliste, sur demande du gouvernement espagnol franquiste. Gatti quitte la France et s'exile en Allemagne, sur les traces de Rosa Luxemburg : quels gestes, quelles luttes, au présent, poursuivent son combat ? Il rencontre une jeune journaliste, Ulrike Meinhof, bientôt passée à la lutte armée révolutionnaire (dans la RAF), bientôt arrêtée et « suicidée ». Une pièce, La Moitié du ciel et nous (1975), témoignera de sa solidarité avec les femmes militantes incarcérées. Le long poème écrit à Berlin, Les personnages de théâtre meurent dans la rue, peut être lu comme un manifeste. Lorsqu'il rentre en France en 1975, après de longues séquences de « création collective » en Belgique, son théâtre, éloigné des normes mais aussi des productions classiques, s'est définitivement passé de personnages. Il n’en reste pas moins toujours animé par l’affirmation du militant Yon Sosa, qu’il cite souvent : « L'arme du guérillero, c'est le mot. »
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Écrit par
- Olivier NEVEUX : maître de conférences en arts du spectacle à l'université de Strasbourg-II-Marc-Bloch
Classification
Média
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