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RICHELIEU ARMAND JEAN DU PLESSIS cardinal duc de (1585-1642)

Misère et révoltes populaires

Richelieu acceptait la division traditionnelle de l'État en trois ordres : clergé, noblesse et tiers état (celui-ci comprenant à la fois les officiers, les professions libérales, les commerçants et le peuple), mais il fallait que chacun remplît les devoirs de sa charge et que personne n'empiétât sur l'autorité du roi ; avec les habitudes d'alors, l'obtenir était une entreprise immense. D'autant plus qu'à partir de 1629 il gagna le roi à la résolution d'une politique étrangère plus active, qui devint immédiatement très coûteuse et aboutit à une guerre dont ni Louis XIII ni son ministre ne devaient voir la fin. Au moment de s'y engager, l'état du royaume était particulièrement alarmant, à cause des révoltes populaires qui se produisaient dans presque toutes les provinces. On les a beaucoup étudiées depuis quelques années : elles éclataient généralement pour des raisons fiscales ou par suite d'un renchérissement des denrées. Il leur arrivait d'être encadrées par des gentilshommes pauvres et aventuriers, des membres du bas clergé. La noblesse d'office et la bourgeoisie des villes avaient à leur sujet une attitude équivoque, les redoutant parce qu'il y avait risque de pillage des maisons et des biens, mais les réprimant avec une inégale ardeur parce qu'elles pouvaient amener le gouvernement à revenir sur certaines mesures impopulaires (création de nouveaux offices, taxes sur la consommation). Le grand orage de 1630, au cours duquel le garde des Sceaux Michel de Marillac (l'auteur du code Michau, qui réorganisait l'exercice de la justice) fut le porte-parole de l'opposition, s'explique en grande partie par la crainte d'un soulèvement général du royaume, en cas de guerre. Mais le grand orage se termina par la journée des Dupes et un renforcement de l'autorité de Richelieu. C'était le succès de sa politique, plus que jamais approuvée du roi. L'esprit de sédition, nobiliaire ou populaire, n'en subsista pas moins et il continua de rendre précaires toutes les entreprises du cardinal. Pour rendre à la France une place prépondérante en Europe, il sacrifiait désormais « toute pensée de repos, d'épargne et de règlement du dedans du royaume ». La politique extérieure primait tout : il fallait des subsides pour s'assurer des alliances au-dehors et lever des armées. On trouverait l'argent nécessaire en augmentant la taille, en multipliant les ventes d'offices, en imposant des taxes à la consommation, en réclamant le don gratuit aux Assemblées du clergé, en réprimant d'une manière impitoyable les soulèvements que ces charges ne manquaient pas de susciter (révolte des Nu-Pieds en 1639 et châtiment de Rouen).

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

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Média

<it>Triple Portrait de Richelieu</it>, P. de Champaigne - crédits : National Gallery, London, UK/ Bridgeman Images

Triple Portrait de Richelieu, P. de Champaigne

Autres références

  • ABSOLUTISME

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    La pensée de Richelieu est fondée tout entière sur l'idée que la puissance est la seule chose nécessaire à l'État. Le roi doit ne supporter aucune opposition, et réunit entre ses mains les instruments de la puissance (armée, finances, réputation). Le pouvoir du roi n'est pas pour autant un pouvoir personnel...
  • BOISROBERT FRANÇOIS DE (1592-1662)

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  • BULLION CLAUDE DE (1580 env.-1640)

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  • DUPES JOURNÉE DES (10-11 nov. 1630)

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