RHIN & MOSELLE ARMÉE DE
Héritière de l'armée du Rhin de 1792 qui, après avoir occupé puis évacué Mayence, dut en assurer le blocus, dans des conditions matérielles si difficiles et au prix de telles pertes qu'il devint nécessaire de la renforcer par l'armée de Moselle. Ainsi naît en l'an III (1795) l'armée de Rhin et Moselle qui, d'abord commandée par Pichegru, tient le Rhin face à Wurmser, de Huningue à Bingen. Mais c'est sous le commandement de Moreau, bien secondé par Desaix et Gouvion-Saint-Cyr, que l'armée va s'illustrer au cours des campagnes de l'an IV et de l'an V (1796-1797). Dans les plans de Carnot pour la campagne de 1796, les opérations d'Allemagne menées par les armées de Sambre et Meuse et de Rhin et Moselle devaient être coordonnées avec celles de l'armée d'Italie. S'enfoncer aussi loin que possible en territoire ennemi, y faire vivre les troupes, les nourrir, les équiper, les payer aux dépens du pays, telles étaient les considérations matérielles qui l'emportaient peu à peu sur la volonté d'apporter la liberté aux peuples voisins. En 1796, après avoir bousculé l'archiduc Charles à Ettlingen, Moreau s'enfonce en Bavière vers Augsbourg. Mais l'archiduc se dérobe pour se jeter sur l'armée de Sambre et Meuse qu'il contraint à la retraite sur le Rhin. Ainsi isolé, sous la menace d'une action autrichienne sur ses communications, Moreau entreprend une retraite périlleuse qu'il mène avec maîtrise, en particulier à travers les défilés de la Forêt-Noire, la vallée de Neustadt que Villars décrivait comme le Val-d'Enfer. Il ramène son armée sur la rive gauche du Rhin franchi à Neuf-Brisach et à Huningue. En 1797, Bonaparte, à la tête de l'armée d'Italie, s'était réservé l'effort principal : marcher sur Vienne et s'emparer de la capitale. Avec l'armée de Sambre et Meuse, l'armée de Rhin et Moselle devait, en franchissant le Rhin, retenir les armées autrichiennes d'Allemagne sur la rive droite. À peine le Rhin franchi, les opérations s'arrêtèrent. En avril 1797, Bonaparte avait fait la décision. Moreau, coupable de ne pas avoir dénoncé en son temps les compromissions de Pichegru avec les émigrés, est rappelé. Hoche regroupe Sambre et Meuse et Rhin et Danube en une seule armée ; Hoche mort, son successeur, Augereau, la dénommera armée d'Allemagne.
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Écrit par
- Jean DELMAS : docteur habilité à la recherche, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, ancien chef du service historique de l'Armée de terre
Classification
Autres références
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DESAIX LOUIS CHARLES ANTOINE DES AIX dit (1768-1800)
- Écrit par Jean MASSIN
- 276 mots
Issu d'une famille noble d'Auvergne, Desaix est déjà sous-lieutenant à quinze ans en 1783. Son attitude envers la Révolution peut se définir par un loyalisme sans faille et par une adhésion modérée. En 1791, son refus de suivre son frère aîné qui émigre le brouille avec sa famille ; en août 1792,...
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MOREAU JEAN VICTOR (1763-1813)
- Écrit par Jean MASSIN
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Né à Morlaix, fils d'un avocat breton, étudiant en droit à Rennes, le jeune Moreau est déjà mêlé, comme prévôt des étudiants, aux troubles parlementaires de la ville en 1788 ; c'est lui qui fonde et préside la Fédération de la jeunesse bretonne et angevine à Pontivy en 1790. Lieutenant-colonel...