ARMES Armes lourdes
Les équipements et matériels militaires lourds se présentent sous divers aspects, que les experts classifient par fonctions. C'est ainsi que l'on parle des fonctions de mobilité, de protection, de liaisons-transmissions, de détection, de soutien et, enfin, de la fonction d'agression, plus spécifiquement « guerrière ». Le terme ne fait pas nécessairement appel à une idée d'attaque, d'assaut, mais à des capacités destructrices et/ou vulnérantes : une mine antichar, défensive par destination, ou un engin de défense antiaérienne possèdent la fonction agression. Un char réunit la mobilité, la protection, la liaison, la détection et l'agression (au service de laquelle se trouvent les autres fonctions dans ce système d'arme). Un camion de logistique n'a que la fonction de mobilité.
Le texte qui suit, nécessairement limité, concernera presque exclusivement ce qui, dans les matériels militaires, est relatif à cette fonction agression. Il conviendra, pourtant, de ne pas perdre de vue que, devant être associée aux autres fonctions nécessaires à sa mise en œuvre, l'arme est soumise à de multiples contraintes, ce qui implique de difficiles compromis entre les diverses exigences.
Les machines de siège
Dès la plus haute antiquité, les armes individuelles furent doublées, dans certaines régions, de matériels lourds : les engins de siège. Les Assyriens, par exemple, confrontés à des fortifications de briques, mirent en œuvre le bélier lourd, oscillant sous bâti, pour l'attaque des portes, et celui à longue pointe métallique, ainsi que l'énorme marteau brise-muraille, pour celle des remparts. La tour mobile permit la prise à partie, à même hauteur, des défenseurs du chemin de ronde et leur assaut direct au moyen de pont-levis. Le mantelet protégeait le mineur sapant la muraille.
Premières catapultes
Contre des remparts de pierre élevés sur des éminences rocheuses, les Grecs de la même époque devaient se limiter au bélier contre les portes et aux échelles d'escalade. Mais, à partir du ive siècle avant notre ère, ils inventèrent les premières machines de jet : d'abord celles qui, utilisant la flexion, donnaient des engins analogues à de gigantesques arcs sur bâtis ; ensuite, celles qui faisaient appel à la force de torsion d'écheveaux de « nerfs » d'animaux, de cordages, voire de cheveux. Cette artillerie, dite névrobalistique, lançait d'énormes flèches ou des boulets de pierre pouvant atteindre 3 « talents-poids » – 87 kg –, fracassant les merlons entre les créneaux des tours et des murailles.
Les textes que nous détenons ne permettent pas toujours de savoir – sauf par un nom par lui-même explicatif, comme le lithobolos – si tel type d'engin était aménagé pour le tir de flèches ou, grâce à une « poche », pour celui de boulets. Le mot catapulte, du grec katapeltès, signifie « renverseur » ou « perceur » de bouclier. Les portées pouvaient atteindre 150 à 220 m en tir tendu et 400 m en tir courbe.
Les gros engins furent toujours construits sur place. Mais, dès l'époque de César, les Romains utilisèrent des lanceurs légers – montés souvent sur chariot – pour le combat en rase campagne. Sous l'Empire, la légion reçut une dotation réglementaire de dix catapultes et soixante-quatre scorpions mobiles, de campagne
Machines de siège médiévales
Le Moyen Âge inventa le nouveau principe d'énormes machines à contrepoids (huches renfermant plusieurs centaines de kilos de lest), les trébuchets et mangonneaux à roues de carrier, projetant en trajectoire courbe des projectiles de 30 à 130 kilogrammes jusqu'à 200 m environ. Des modèles plus simples et plus légers, appelés pierriers ou bricoles, était souvent installés de façon permanente sur le haut des remparts.
Cette première artillerie disparut progressivement[...]
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Écrit par
- Alain BRU : ingénieur à l'École polytechnique, à l'École supérieure de gestion et à l'Institut national des sciences et techniques nucléaires (I.N.S.T.N.), général en deuxième section
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