ARMES Armes lourdes
Les armes nucléaires
À masse égale réagissante, la fission de l'uranium 235 ou du plutonium 239 est dix-huit millions de fois plus énergétique que celle d'un explosif courant, comme le T.N.T. (trinitrotoluène). Mais la rapidité de l' explosion met si vite la charge fissile en configuration non critique que le rendement n'est que de un à quelques dixièmes : le rapport tombe à quelque deux à six millions selon le perfectionnement de l'arme. De plus, la combinaison masse-géométrie initiale doit être sous-critique (y compris en cas d'accident), ce qui limite l'énergie pouvant être tirée de la fission.
La fusion d'atomes légers peut produire une énergie théoriquement illimitée, mais elle doit être « allumée » par un dispositif à fission. Toujours à masse égale réagissante, la fusion deutérium-tritium est trois fois plus énergétique que la fission d'éléments lourds.
La théorie de la fission est simple (elle était connue dès 1939), au point que tout ingénieur en génie atomique (centrales) peut calculer la masse critique de l'uranium 235 ou du plutonium 239, en configuration géométrique simple, avec une très bonne approximation. Le passage à la pratique pose pourtant des problèmes très ardus, et le mythe médiatique du terroriste isolé qui, s'étant procuré – comment ? – l'uranium 235 ou le plutonium 239, fabrique sa bombe sur le coin d'un évier, est parfaitement ridicule. Pourtant, le risque existe bien que des nations peu industrialisées puissent se procurer les matières et les moyens techniques et acheter les services de personnels compétents pour la réalisation d'armes déjà plus évoluées que celles de 1945. Une enquête des Nations unies, en 1991, a montré en effet qu'avec un P.N.B. inférieur au vingtième de celui de la France, pour une population du tiers, l'Irak en était arrivé à un an environ de la réalisation d'armes nucléaires. C'est le danger de prolifération, car, même si un traité a été signé, il ne vaut que par la bonne foi des signataires.
On a pris l'habitude de comparer l'énergie des armes nucléaires – ce n'est pas une « puissance », terme qui perdure en France malgré son évidente impropriété – à celle d'une masse de T.N.T. On parle donc de kilotonnes (kt) pour la fission et de mégatonnes (Mt) pour les armes thermonucléaires. 1 kt représente une énergie de 4212 J – ou de 1 150 000 kWh. Cette énergie se répartit en :
– effets mécaniques (50 p. 100), avec onde de choc et souffle produisant la destruction des ouvrages de génie civil, des immeubles notamment ; l'homme n'est tué directement qu'à faible distance (surpression de crête de 3 kg/cm2), mais peut être victime beaucoup plus loin par sa propre projection sur matériaux durs, ou par blessures dues aux multiples débris lancés à grande vitesse ;
– effets thermiques (35 p. 100), soit avec un éclair lumineux initial, pouvant provoquer, selon la distance, la cécité définitive ou partielle (brûlure de rétine), ou un éblouissement prolongé ; soit une brève mais violente irradiation thermique provoquant des incendies sur de vastes surfaces et, sur l'homme, de graves brûlures ; mais l'effet thermique est si bref qu'un écran léger, avant d'être lui-même détruit et/ou soufflé, peut en protéger s'il est situé dans la bonne direction ;
– énergie radioactive (15 p. 100) qui, à son tour, se partage en émission immédiate (5 p. 100) de rayons gamma et de neutrons (particules), que l'air absorbe sur une distance d relativement courte (outre la dispersion en 1/d2) et en émission « résiduelle » (10 p. 100) de longue durée provenant des divers particules et rayonnements émis, d'une part, par les produits de fission et, d'autre part, par les corps activés par les neutrons[...]
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Écrit par
- Alain BRU : ingénieur à l'École polytechnique, à l'École supérieure de gestion et à l'Institut national des sciences et techniques nucléaires (I.N.S.T.N.), général en deuxième section
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