HARY ARMIN (1937- )
L' athlète allemand Armin Hary fut, en 1960, le premier homme à courir le 100 mètres en 10 secondes juste. Avec le recul, cet exploit historique se voit quelque peu sous-estimé, pour deux raisons : tout d'abord, à l'époque, le chronométrage était manuel, ce qui laisse la place à une grande imprécision (on estime que le chronométrage manuel procure un avantage de 2 dixièmes de seconde par rapport au chronométrage électronique qui est désormais la norme) ; ensuite, il jaillissait des starting-blocks plus promptement que quiconque, ce qui laisse penser qu'il « volait » fréquemment le départ. Néanmoins, son titre olympique sur 100 mètres en 1960 à Rome prouve qu'il était le meilleur sprinter de son temps.
Armin Hary est né le 22 mars 1937 à Quierschied, une petite ville de la Sarre, dans une famille sportive (son père fut champion de lutte). Il s'essaye au football, au décathlon, puis, suivant les conseils de Bert Sumser, son entraîneur, il se consacre aux courses de sprint. Il apprend la mécanique automobile, mais passe surtout de longues heures sur les terrains d'entraînement, où il travaille notamment une mise en action qui deviendra son point fort. En 1956, il est champion d'Allemagne junior du 100 mètres. Ce jeune homme puissant (1,80 m, 73 kg) se fait connaître à l'occasion des Championnats d'Europe de Stockholm, en 1958 : il remporte le 100 mètres (10,3 s), devant son compatriote Manfred Germar et le Britannique Peter Radford (10,4 s pour les deux hommes), et le relais 4 fois 100 mètres. Quelques jours plus tard, le 6 septembre, à Friedrichshafen, il pense entrer dans l'histoire du sport : il est chronométré en 10 secondes juste sur 100 mètres ; mais les officiels se montrent incapables de certifier qu'il n'a pas « volé » le départ, et ce record du monde n'est pas homologué.
On retrouve Hary, qui s'est entraîné durant deux ans aux États-Unis, sur le devant de la scène sportive en 1960. Le 21 juin, à Zurich, il est chronométré en 10 secondes sur 100 mètres, mais les officiels se montrent de nouveau circonspects et décident de faire recourir l'épreuve : Hary est encore chronométré en 10 secondes ; cette fois, le record du monde est homologué. Néanmoins, les observateurs internationaux se disent sceptiques (le chronométrage semi-électronique indiquait un temps de 10,24 s) et Hary doit donc faire ses preuves aux jeux Olympiques de Rome.
Le 1er septembre 1960, les six finalistes du 100 mètres olympique prennent place dans les starting-blocks et les quatre-vingt-dix mille spectateurs du Stadio Olimpico font silence. Le coup de pistolet du starter retentit, Hary jaillit ; mais le starter estime que l'Allemand a anticipé le départ et rappelle les concurrents. Après un nouveau faux départ, les finalistes s'élancent ; Hary se trouve rapidement en tête, mais l'Américain David Sime revient fort ; néanmoins, Hary préserve sa victoire, les deux hommes étant crédités du même temps (10,2 s). Pour la première fois depuis 1928, l'épreuve reine de l'athlétisme échappe aux États-Unis. Puis, le 8 septembre, David Sime franchit en tête la ligne d'arrivée lors du relais 4 fois 100 mètres, mais les Américains sont déclassés et la médaille d'or revient à l'Allemagne.
Fort de son double triomphe olympique, Armin Hary est très demandé par les organisateurs de meetings athlétiques. Mais le sprinter allemand tente de monnayer sa présence au départ et la sanction tombe : convaincu de « professionnalisme », il se voit suspendu par la Fédération allemande d'athlétisme. À vingt-trois ans, Hary décide alors de mettre un terme à sa carrière sportive.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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