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ARMORIAL

Collection d'armes (composition dans un écu) ou d'armoiries (l'écu et ses ornements extérieurs), l'armorial est composé de descriptions ou de représentations ou encore des deux à la fois, avec l'avantage de préciser des détails ou des figures difficiles, mais avec la possibilité de disparités entre description et représentation. Les descriptions sont écrites en des textes très secs et archaïques (dans une langue spéciale venant du français et de l'anglo-normand, modèle de tous les langages héraldiques du monde), mais parfois enrobées dans de vastes poèmes ; on a déjà vu des textes codifiés sous un aspect mathématique, et ils appellent l'ordinateur qui semble indispensable, encore que sa mise sur pied soit très complexe et peu envisageable sans d'importants crédits. Les représentations se font en dessins et gravures (les couleurs codées par lettres dans les pays germaniques depuis le Moyen Âge, et avec des hachures conventionnelles depuis 1600 et 1638) ainsi qu'en couleurs ; le support peut être un rouleau ou un codex en parchemin, un codex de papier (donc une sorte de livre plus ou moins volumineux) ou encore une planche. À la limite, forment armorial une frise d'écus sur une fresque, un plafond, des poutres, une série d'entre eux dans les marges d'une chronique, sur des vitraux, sur des étoffes (broderies, tissages), en émail sur des objets...

Les armoriaux sont le fruit de longues recherches à tendance encyclopédique sur une région, une nation, ou tout ce qu'un héraut a pu collecter au cours de sa vie itinérante à travers l'Europe. Ces recherches peuvent être privées et relatives aux facilités du travail d'identification du héraut, ou au contraire être le ratissage d'une énorme population à des fins fiscales. Les motifs de la rédaction d'un armorial sont parfois relatifs à un événement bien précis : rassemblement de seigneurs à une campagne, une bataille (il y a des armoriaux de morts), un tournoi (réél ou imaginaire), une cour souveraine, un concile... Mais les armoriaux sont aussi le reflet de corporations de métiers, y compris les poètes et leurs amis (par exemple l'Armorial de la cour amoureuse en France autour de 1400) ou encore de compagnies chevaleresques comme les ordres de Saint-Michel, du Saint-Esprit, de la Jarretière, de la Toison d'or... Les tailles de ces documents sont très diverses, pouvant aller de quelques dizaines de lignes à plus d'une centaine de volumes. Certains armoriaux médiévaux ont une grande valeur artistique comme celui du Héraut Gelre (vers 1380), l'Armorial équestre de la Toison d'or et de l'Europe (vers 1450) ou encore l'Armorial de Conrad Grunenberg (vers 1450). En revanche, on est déçu de la pauvreté artistique de l'Armorial du héraut Berri, si intéressant pour l'époque de Charles VII. Le plus ancien armorial peint, français, dit Armorial Wijnbergen (1267-1285) est à La Haye ; le plus consulté est sans aucun doute l'Armorial général de 1696 (35 volumes de texte et 35 volumes de dessins aquarellés au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de Paris) : nombreux sont ceux qui essaient d'y retrouver les armes d'un ancêtre obligé de verser 20 livres pour les déclarer aux gens du roi, mais nombre de celles-ci furent fabriquées d'office et sont ainsi fantaisistes, même pour les plus grandes familles.

L'étude des armoriaux médiévaux apporte de nombreux renseignements sur la structure de la société féodale ; il en existe un très grand nombre en France, berceau de l'héraldique, soit en originaux, soit en copies. On trouvera pour la Grande-Bretagne et les pays germaniques (Allemagne, Autriche, Suisse) d'excellents catalogues largement commentés et illustrés, présentant des manuscrits parfois du plus haut intérêt.

Des initiatives[...]

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Écrit par

  • : vice-président de l'Académie internationale d'héraldique

Classification

Autres références

  • HÉRALDIQUE

    • Écrit par
    • 6 531 mots
    ...en 1696, Louis XIV décida le recensement de toutes les armoiries portées dans le royaume, afin qu'elles soient consignées dans un immense recueil : l' Armorial général. En fait, cette décision avait surtout un but fiscal : chaque personne, physique ou morale, qui faisait enregistrer ses armoiries devait...