ARNICA
Ce n'est qu'au xiie siècle que l'arnica (Arnica montana L.) apparaît dans la matière médicale, en Allemagne. C'est surtout dans cette contrée et en Europe centrale qu'on l'emploie jusqu'au xviiie siècle, époque où des médecins célèbres comme J. F. Cartheuser et A. de Haller en publient les mérites.
Les médecins du passé employaient l'arnica à l'usage interne, comme stimulant, fébrifuge, diurétique, emménagogue, etc. Certains l'ont prescrit utilement aussi bien comme antispasmodique dans les tremblements nerveux, la chorée, les contractures musculaires douloureuses que comme excitant dans certains types de paralysie. L'arnica, comme toute plante aux composants complexes et puissants réalisant des synergies, pourrait bien s'avérer ici anti-infectieux, là régulateur à certains niveaux du système nerveux (une mise au point expérimentale est souhaitable), mais sa toxicité en limite beaucoup l'usage interne. L'analyse révèle en effet, dans l'arnica, des substances aux effets rappelant, très atténués, ceux de la strychnine. Le dépassement des doses médicinales entraîne rapidement l'apparition de symptômes d'intoxication : nausées, vomissements, douleurs abdominales, vertiges. En cas d'absorption excessive, les troubles deviennent très graves : convulsions, délire, hémorragies ; l'issue peut être fatale.
Tout à fait abandonné, et pour cause, dans ses anciennes indications internes, l'arnica reste d'usage courant dans le domaine qui a fait sa célébrité : la résolution des traumatismes sans plaie. Il mérite bien son vieux surnom de panacea lapsorum (« panacée des chutes »). Antiecchymotique très efficace, dissipant rapidement les épanchements séreux et sanguins, avec de surcroît des effets antiseptiques, la plante demande cependant à être employée avec circonspection : ses préparations, mises en contact avec une plaie, même minime, peuvent provoquer des réactions allergiques intenses. Le commerce pharmaceutique propose des pommades à base d'arnica d'un emploi aisé. On peut préparer soi-même une teinture alcoolique non moins efficace (à réserver toutefois pour les cas où il n'y a aucune lésion cutanée) : 20 g de fleurs sèches d'arnica pour 10 cl d'alcool à 600 ; faire macérer 10 jours dans un récipient clos en agitant de temps en temps ; passer en exprimant ; filtrer. Cette teinture s'emploie, exclusivement diluée au 1/10 (1 mesure de teinture pour 9 mesures d'eau distillée ou d'eau bouillie froide), en compresses sur contusions, hématomes, foulures, luxations.
Les feuilles, cuites dans du vin et appliquées en cataplasme, étaient couramment employées autrefois dans les Alpes, avec les mêmes indications que les fleurs et comme résolutives des tumeurs. Les paysans des Vosges ont longtemps fumé les fleurs et les feuilles sèches en guise de tabac (d'où le vieux nom de « tabac des Vosges »).
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Écrit par
- Pierre LIEUTAGHI : écrivain, lauréat de la Société botanique de France
Classification
Média
Autres références
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COMPOSÉES
- Écrit par Chantal BERNARD-NENAULT et Jacques MIÈGE
- 3 791 mots
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...son interdiction en France et dans les pays voisins (Allemagne, Suisse et Belgique), car cette essence provoque des troubles psychiques et sensoriels. L'Arnica montana est employé habituellement en usage externe comme vulnéraire pour soigner les contusions, hématomes et meurtrissures. Plusieurs séneçons...