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GEULINCX ARNOLD (1624-1669)

Philosophe flamand né à Anvers, métaphysicien et moraliste, Geulincx enseigna à Louvain, d'où il fut chassé en 1658 pour ses critiques de la scolastique ; il alla à Leyde et se convertit alors du catholicisme au calvinisme. Influencé dans ses études par le cartésien Guillaume Philippi, il attaqua dans son enseignement la physique scolastique à partir des principes cartésiens ; il fut aussi attiré par la doctrine de Jansénius et se montra proche des idées augustiniennes. Il publia d'abord des traités de logique : La Logique ramenée à ses fondements (Logica fundamentis suis restituta, 1662) et une Méthode pour trouver des arguments (Methodus inveniendi argumenta, 1663) ; puis la première partie de son ouvrage le plus important, une Éthique. La plupart de ses œuvres parurent en édition posthume : l'Éthique au complet, en 1675 ; la Physica vera, en 1688 ; des commentaires et annotations aux principes de Descartes, en 1691 ; enfin, d'après les notes d'un étudiant, sa Métaphysique (Metaphysica vera).

Geulincx est surtout connu pour sa théorie occasionnaliste de la causalité et pour son refus de reconnaître une quelconque substantialité aux choses particulières créées. Un principe exprime la condition nécessaire implicite dans notre conception de toute action : Impossibile est, ut is faciat, qui nescit quomodo fiat ; quod nescis quomodo fiat, id non facis (« il est impossible que celui qui ne sait pas comment se fait une chose l'accomplisse ; ce dont tu ne sais pas comment cela se fait, tu ne le fais pas »). En conséquence, les mouvements du corps ne peuvent se voir assigner pour cause le moi ou l'âme ; les choses corporelles, inconscientes par définition, ne peuvent agir ni sur les esprits, ni sur les autres choses corporelles. D'où vient donc la production des effets ? Geulincx rejoint les occasionnalistes Géraud de Cordemoy et Malebranche, pour voir en Dieu l'agent responsable de tous les changements dans le monde ; toute causalité est surnaturelle ; toutes choses sont dépendantes à l'égard de Dieu. Dans une thèse entièrement consacrée à Geulincx (L'Occasionnalisme d'Arnold Geulincx, 1969), Alain de Lattre voit l'originalité de son occasionnalisme dans la « prévalence, sur le principe cartésien de l'hétérogénéité des substances, du principe augustinien de l'action du supérieur sur l'inférieur ». Dans cette œuvre imprégnée de religiosité, « le chapitre le plus effacé de physique fait penser à Dieu et rappelle à la connaissance de soi ».

— Françoise ARMENGAUD

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Écrit par

  • : agrégée de l'Université, docteur en philosophie, maître de conférences à l'université de Rennes

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