GRÉBAN ARNOUL (1420 env.-1473)
Maître ès arts, bachelier en théologie, organiste à la maîtrise de Notre-Dame de Paris, qu'il dirige, plus tard chanoine de Saint-Julien du Mans, Arnoul Gréban peut, dès 1452, vendre le texte de son Mystère de la Passion à Abbeville. Mais le plus ancien manuscrit dont nous disposions date de 1458. Fait pour être joué en quatre séances ou « journées », ce mystère compte 34 429 vers (édition O. Jodogne) pour 224 personnages. Un prologue résume la Genèse jusqu'à la mort d'Adam et Ève. La première journée commence par le débat de Miséricorde et de Justice sur le principe et le choix du Rédempteur. Suivent l'Annonciation, la Visitation, la Nativité alternant avec des scènes plus librement imaginées qui traduisent l'inquiétude des démons en Enfer, le tourment de Joseph, le bonheur des bergers. La fin de cette journée, après l'adoration des Mages, la Circoncision, le massacre des Innocents, comporte une longue discussion du jeune Jésus avec les docteurs de la Loi où apparaît la science théologique de l'auteur. La deuxième journée raconte la vie publique du Christ, et la troisième, la Passion proprement dite en suivant avec scrupule les Évangiles ; très vite on sentit le besoin de les remanier. Pourtant certaines scènes sont déjà très émouvantes, comme le repentir de Madeleine, ou la résurrection de Lazare, mais surtout les passages où s'expriment l'inquiétude, l'angoisse et la douleur de Marie. Une attention particulière est accordée au personnage de Pilate. Un épisode s'inspire de la légende de Longin. La quatrième journée cherche à développer le thème de la Résurrection. Jésus apparaît à sa mère, à Madeleine, aux trois Marie, puis à Pierre, à Joseph d'Arimathie, aux Pèlerins d'Emmaüs, à Thomas, aux Apôtres. À l'Ascension fait suite la descente du Saint-Esprit. La « moralité » finale fait réapparaître dans une réconciliation générale Justice, Miséricorde avec Paix et Vérité. Gréban mêle à la tradition directement héritée de Mercadé les ressources de sa vaste culture théologique et littéraire, la thématique du théâtre liturgique et profane, l'allégorie des scènes paradisiaques et le burlesque des scènes démoniaques. On pense qu'Arnoul Gréban a commencé le Mystère des actes des Apôtres, dont le gros œuvre est attribué à son frère Simon Gréban. Mais la mise au point du texte (61 908 vers) pour le roi René d'Anjou, en 1478, exigera le concours de Jean Du Prier, auteur d'un autre Mystère.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Daniel POIRION : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-Sorbonne
Classification
Autres références
-
MICHEL JEAN (1435-1501)
- Écrit par Daniel POIRION
- 279 mots
Médecin d'Angers, recteur de l'université, qui remanie le texte de la Passion composée par Arnoul Gréban. Son Mystère de 29 926 vers (éd. O. Jodogne) reprend une partie des dialogues de son prédécesseur (jusqu'à 60 p. 100 dans la quatrième journée). Mais il supprime le prologue retraçant...