ARRANGEMENT, musique
Aspects esthétiques
L'arrangement, au sens le plus large du terme (transcription, orchestration, réduction, fantaisie, paraphrase, etc.), est, par sa nature, une traduction-trahison de l'œuvre originale. Dans la classification que nous avons adoptée, nous avons essayé d'ordonner les arrangements en fonction du degré de liberté par rapport à cette œuvre originale. Nous pouvons maintenant essayer de nous demander quand et pourquoi une telle traduction peut se trouver justifiée. Le bon sens nous fait naturellement éliminer et condamner d'emblée tous les types d'arrangements dans lesquels l'original est volontairement mutilé, tronçonné et affadi, dans le but d'en faire une autre œuvre plus banale, quelquefois vulgaire, et supposée seulement plus propre à une exploitation commerciale. Il n'en reste pas moins que de très mauvais arrangements sont faits avec les meilleures intentions, cependant que d'autres, excellents, répondent parfois seulement à des nécessités pratiques, comme jouer une œuvre sur un instrument auquel elle n'était pas destinée (par exemple, Bach avec les œuvres de Vivaldi). Il en résulte que la qualité d'un arrangement ne peut être évaluée à la mesure de l'intention de l'arrangeur de respecter ou même d'ennoblir ce qu'il arrange. En revanche, la justification esthétique de ce genre d'entreprise paraît se trouver dans la qualité de l'arrangeur lui-même. Tout arrangement, même très libre, fait par un véritable musicien, devient comparable à un acte de création (ainsi que nous le remarquions à propos du jazz). Ainsi les variations ont-elles plus d'importance que le thème qui leur a servi de prétexte. On peut dire, finalement, que l'arrangement est estimable ou condamnable selon ce que vaut l'arrangeur.
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Écrit par
- Michel PHILIPPOT : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris
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