- 1. Années 1920-1940 : le temps des pionniers
- 2. Années 1950 : les arrangeurs des monstres sacrés de la chanson française et l’arrivée du vinyle
- 3. Années 1960 : la « nouvelle vague » des chefs d’orchestre-arrangeurs
- 4. Années 1970 : la reconnaissance du métier d’arrangeur par la SACEM
- 5. Années 1980 : de profonds changements dans le métier d’arrangeur
- 6. Années 1990-2000 : le retour des instruments acoustiques
- 7. L'évolution du métier d'arrangeur
- 8. Bibliographie
ARRANGEURS DE LA CHANSON FRANÇAISE
Années 1950 : les arrangeurs des monstres sacrés de la chanson française et l’arrivée du vinyle
À partir du début des années 1950, les 78-tours sont progressivement remplacés par les disques vinyle 45-tours et 33-tours, popularisés auprès du grand public grâce aux progrès des techniques d’enregistrement (magnétophones multipistes, stéréophonie, etc.) et à la diffusion de la musique (juke-box, radio dont celle au transistor, télévision). Ce nouveau support permet l’enregistrement de plusieurs titres sur le même disque, à l’inverse du 78-tours limité à deux. Ces évolutions technologiques coïncident avec les débuts de Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Juliette Gréco, Jacques Brel, Dalida, Léo Ferré, Henri Salvador, Guy Béart, Serge Gainsbourg… ainsi qu’avec l’émergence d’une nouvelle génération d’arrangeurs.
C’est ainsi qu’au début des années 1950 Michel Legrand (1932-2019), multidiplômé du Conservatoire national supérieur de musique de Paris (CNSMP), affirme ses talents d’arrangeur. Il révolutionne l’écriture des arrangements, considérant souvent le chanteur comme un membre à part entière de l’orchestre. Une de ses signatures est l’utilisation fréquente de groupes vocaux pour ses scores. S’il accompagne Jacqueline François (Les Lavandières du Portugal), Maurice Chevalier, Mouloudji (Un jour tu verras), Juliette Gréco, Catherine Sauvage, Zizi Jeanmaire, puis Claude Nougaro au début des années 1960 (Le Cinéma, Les Don Juan), c’est avec ses bandes originales (BO) de comédies musicales ou de films qu’il rayonne à travers le monde : Les Parapluies de Cherbourg(1963), Les Demoiselles de Rochefort (1967), L’Affaire Thomas Crown (1968, avec la chanson Les Moulins de mon cœur), Un été 42 (1971), Yentl (1983). Michel Legrand excelle également dans les domaines du classique et du jazz et, en 1958, les labels Philips et Columbia lui permettent d'enregistrer à New York l’album Legrand Jazz arrangé par ses soins. Il dirige alors, à vingt-six ans seulement, les plus prestigieux jazzmen américains de l’époque (Miles Davis, John Coltrane, Ben Webster ou Bill Evans).
Durant les années 1950, Jo Boyer (1922-2000), trompettiste de talent, témoigne de sa créativité par la modernité de ses scores, pour certains inspirés du jazz. Il est associé à André Claveau (Cerisier rose et pommier blanc), Charles Trenet (La Cité de Carcassonne), Henri Salvador, Jacqueline François ou un peu plus tard Joséphine Baker. En 1967, il rejoindra les États-Unis pour travailler aux côtés de grands noms comme les chefs d’orchestre-arrangeurs Richard Hayman, Percy Faith et Quincy Jones.
À partir de 1953 et pendant près de quinze ans, Gilbert Bécaud collabore avec le pianiste, chef d’orchestre et arrangeur Raymond Bernard (1920-2005) qui lui écrit les scores de Le Jour où la pluie viendra, Et maintenant, Dimanche à Orly, Nathalie, Je t’attends, et bien d’autres chansons. À partir de 1970, une nouvelle aventure démarrera pour Raymond Bernard qui deviendra, pendant plusieurs décennies, un collaborateur essentiel de Serge Reggiani, écrivant notamment pour lui la musique de la chanson Ma fille. L’accordéoniste Jo Moutet (1926-2002) arrange quant à lui des chansons de Charles Aznavour au début de sa carrière (Sur ma vie, Sa jeunesse). Il sera très souvent l’arrangeur et/ou le compositeur de chansons de Georges Guétary comme Papa aime maman, un succès repris par Tino Rossi et Danielle Darrieux.
Franck Pourcel (1913-2000), violoniste virtuose dans sa jeunesse (il a accompagné notamment Lucienne Boyer avec cet instrument dans les années 1940), devient à partir de 1954 le leader incontesté des albums instrumentaux enregistrés par un grand orchestre à cordes en France et vend des millions de disques dans le monde entier. Pour lui, les cordes sont le « chanteur de l’orchestre ». Dans les années 1950, il signe également de[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Serge ELHAÏK
: auteur, chroniqueur dans l'émission
Étonnez-moi Benoît sur France Musique
Classification
Médias