- 1. Années 1920-1940 : le temps des pionniers
- 2. Années 1950 : les arrangeurs des monstres sacrés de la chanson française et l’arrivée du vinyle
- 3. Années 1960 : la « nouvelle vague » des chefs d’orchestre-arrangeurs
- 4. Années 1970 : la reconnaissance du métier d’arrangeur par la SACEM
- 5. Années 1980 : de profonds changements dans le métier d’arrangeur
- 6. Années 1990-2000 : le retour des instruments acoustiques
- 7. L'évolution du métier d'arrangeur
- 8. Bibliographie
ARRANGEURS DE LA CHANSON FRANÇAISE
Années 1960 : la « nouvelle vague » des chefs d’orchestre-arrangeurs
Durant cette décennie et la suivante, les chefs d’orchestre-arrangeurs ont le loisir de diriger de grandes formations, les moyens alloués par les labels de disques n’étant alors que rarement limités. Les musiciens des séances d’enregistrement sont recrutés parmi les meilleurs de leurs disciplines respectives, notamment pour la rythmique, et sont les garants de la qualité musicale des accompagnements. Certains sont issus de l’Opéra de Paris ou de la Garde républicaine. Si le courant yé-yé déferle alors sur la France, faisant connaître des artistes tels que Johnny Hallyday, Claude François, Françoise Hardy, Eddy Mitchell ou France Gall, d’autres jeunes chanteurs se distinguent à l’image de Hugues Aufray, Alain Barrière, Michel Delpech, Pierre Perret, ou encore Michel Sardou. De solides partenaires musicaux vont arranger et accompagner ces talents naissants ou des artistes confirmés comme Charles Aznavour. À partir des années 1960, l’orchestre et la voix du chanteur sont enregistrés séparément. Auparavant, chanteur et musiciens étaient présents ensemble en studio et des artistes comme Jacques Brel, Juliette Gréco ou Édith Piaf se plaçaient face à l’orchestre pour s’exprimer au mieux lors des séances d’enregistrements.
Prenant le relais de Jean Leccia, Paul Mauriat (1925-2006) est à l’origine de la couleur musicale de dizaines de chansons d'Aznavour dans les années 1960. Son rôle, dit-il alors, n’est pas de contrarier le chanteur avec un arrangement, mais de le servir avec humilité. Néanmoins, la griffe de Mauriat est immédiatement reconnaissable car il crée des introductions très personnelles (Les Comédiens, La Mamma, La Bohème, Je t’attends, For me Formidable...), suivies d’arrangements plus discrets, qui s’affirment à nouveau en milieu de chanson et/ou à la fin de celle-ci. En 1966, Paul Mauriat devient le directeur musical de la jeune Mireille Mathieu et l’accompagne pour ses disques et sur scène pendant près de deux ans, composant pour elle la musique de son premier succès Mon Credo. Deux ans plus tard, fait unique pour un chef d’orchestre français, il se maintient à la première place des hit-parades américains pendant cinq semaines avec Love is Blue,sa version instrumentale de la chanson L’amour est bleu. À la suite de ce succès, il accomplira avec son orchestre des tournées aux États-Unis pendant trois ans, mais surtout au Japon, pendant près de trois décennies. Doubler le piano par un clavecin dans sa formation fut sa signature musicale. André Popp (1924-2014), auteur de la musique de ce succès mondial Love is Blue, est quant à lui l’arrangeur de nombreuses chansons pour Juliette Gréco (Il n’y a plus d’après) et Marie Laforêt (Manchester et Liverpool et Mon amour, mon ami dont il compose les musiques) ainsi que le compositeur du conte musical pour enfants Piccolo, saxo et compagnie.
Contrebassiste de formation, Jean Bouchéty (1920-2006) se rend régulièrement à Londres dès les années 1960 pour enregistrer les artistes dont il arrange les chansons et qu’il accompagne : Eddy Mitchell (Toujours un coin qui me rappelle), Michel Polnareff (La Poupée qui fait non, Âme câline) et Michel Fugain (Je n’aurai pas le temps). Pour ce dernier, il crée dans les années 1970 la couleur musicale du groupe Le Big Bazar. Ses introductions musicales caractéristiques pour Fais comme l’oiseau, Attention mesdames et messieurs, Une belle histoire ou Chante… comme si tu devais mourir demain sont mémorables. Dans les années 1960 émerge également Jean Claudric (pseudonyme de Jean-Claude Bacri, né en 1930). Prolifique arrangeur durant près d’un demi-siècle, il est associé à des artistes comme Maurice Chevalier, Joséphine Baker, Enrico Macias (il coécrit avec lui la musique des chansons Les Gens du Nord, Les Filles de mon pays[...]
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Écrit par
- Serge ELHAÏK
: auteur, chroniqueur dans l'émission
Étonnez-moi Benoît sur France Musique
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Médias