- 1. Années 1920-1940 : le temps des pionniers
- 2. Années 1950 : les arrangeurs des monstres sacrés de la chanson française et l’arrivée du vinyle
- 3. Années 1960 : la « nouvelle vague » des chefs d’orchestre-arrangeurs
- 4. Années 1970 : la reconnaissance du métier d’arrangeur par la SACEM
- 5. Années 1980 : de profonds changements dans le métier d’arrangeur
- 6. Années 1990-2000 : le retour des instruments acoustiques
- 7. L'évolution du métier d'arrangeur
- 8. Bibliographie
ARRANGEURS DE LA CHANSON FRANÇAISE
Années 1980 : de profonds changements dans le métier d’arrangeur
Au début des années 1980, encouragé par Gabriel Yared, Michel Cœuriot (né en 1947) écrit ses premiers arrangements pour Michel Jonasz (Joueur de blues) avant d’entamer une collaboration avec Laurent Voulzy (Belle-Île-en-Mer, Marie-Galante), Alain Souchon (Foule sentimentale), Marc Lavoine (Les Tournesols qu’il compose avec lui) puis Hélène Ségara (Il y a trop de gens qui t’aiment).Quant à Pascal Stive (né en 1951), arrangeur pour Alain Souchon de la chanson Somerset Maugham en 1981, il est ensuite souvent associé à Marc Lavoine pour qui il signe les scores de ses premiers succès, Elle a les yeux revolver ou Le Parking des anges.
Toutefois, une nouvelle tendance musicale marque cette époque. Jusqu’alors, la plupart des arrangeurs arrivaient en studio d’enregistrement avec leurs scores écrits à la note près pour chacun des membres de l’orchestre. À partir des années 1970, quelques musiciens, souvent des rythmiciens, acceptent mal cette méthode de travail qui leur interdit le moindre apport aux partitions à interpréter. Ils vont proposer des arrangements élaborés collectivement au sein du groupe d’instrumentistes accompagnant l’artiste. Les claviéristes François Bréant (né en 1947) qui travaille avec Bernard Lavilliers, Gérard Bikialo (né en 1948) avec Francis Cabrel, Serge Perathoner (né en 1953) et le bassiste Jannick Top (né en 1947) qui collaborent avec Michel Berger et France Gall, ou encore le claviériste Jean-Yves D’Angelo (né en 1959) ouvrent cette nouvelle voie. D’autant que l'arrivée des synthétiseurs a accéléré le déclin des arrangements traditionnels et de la musique acoustique (utilisant les instruments classiques). Dans les studios d'enregistrement, de plus en plus de synthétiseurs, d'ordinateurs ou de samplers (instruments de musique électronique qui tiennent le rôle de banque de son) sont utilisés au détriment des instrumentistes qui, pour certains, se retrouvent sans travail. Les directeurs de labels de disques ne veulent plus financer des orchestres de dizaines de musiciens alors que certains produisent des succès avec seulement quelques instrumentistes et des ordinateurs dans des studios ou des home studios. Adepte de ce nouveau mode d’expression musicale, Thierry Durbet (né en 1954) signe un nombre impressionnant de morceaux pour Axel Bauer (Cargo), Gérard Blanc (Une autre histoire), Jeanne Mas, tout comme Sebastian Santa Maria (1959-1996) associé au tube de Catherine Lara Nuit magique qu’il coécrit pour la musique et co-arrange avec elle. C’est lui aussi qui compose et arrange On the Road Again de Bernard Lavilliers. Dans les années 1980 également, le pianiste, organiste et ingénieur du son Bernard Estardy (1939-2006) signe des arrangements notamment pour Patricia Kaas (Mademoiselle chante le blues) ou Jean-Jacques Lafon (Le Géant de papier).
Au regard de cette nouvelle tendance, certains arrangeurs traditionnels décident d’emprunter d’autres chemins : Jean-Claude Vannier se produit sur scène et enregistre plusieurs albums réunissant ses créations (paroles et musiques), tandis qu’au début des années 1980, d’autres se tournent vers la composition pour le cinéma tels Gabriel Yared (auteur des BO de 37°2 le matin, L’Amant et Le Patient anglais, oscar de la meilleure musique de film en 1997) ou Jean-Claude Petit (Jean de Florette, Manon des sources, Cyrano de Bergerac, césar de la meilleure musique originale en 1991). Dès la fin des années 1960, Vladimir Cosma (né en 1940) conjuguait déjà son métier d’arrangeur, notamment pour Jeanne Moreau, Juliette Gréco, Jacqueline François, avec celui de compositeur de musique de film (Le Grand Blond avec une chaussure noire, Les Aventures de Rabbi Jacob, Nous irons tous au paradis, La Boum, Diva qui obtient le césar de la meilleure musique originale en 1982, Le Dîner de[...]
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Écrit par
- Serge ELHAÏK
: auteur, chroniqueur dans l'émission
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Médias