ART (Aspects culturels) Le marché de l'art
Le marché de l'art contemporain en France
Après avoir connu une envolée considérable à la fin des années 1980, le marché de l'art en général et le marché de l'art contemporain en particulier ont traversé une phase de crise sévère en France comme dans les autres pays du monde. Le point le plus bas a été atteint au milieu des années 1990 et une tendance à la reprise s'observe depuis lors, d'abord timide puis plus nette depuis 1999. Toutefois, ce mouvement de reprise peut sembler moins marqué en France qu'à l'étranger, ce qui invite à dresser un double bilan : celui de la situation du marché de l'art contemporain en France ; celui du rayonnement international de l'art contemporain français à l'étranger.
Si de nouvelles perspectives s'ouvrent donc en France aux grandes maisons de ventes aux enchères, des difficultés rencontrées à la fin des années 1990 et l'apparition d'une concurrence plus agressive pourraient peser, à terme, sur le puissant quasi-duopole que Christie's et Sotheby's ont longtemps constitué.
Où commence l'art contemporain ?
Les définitions de l'art contemporain ne vont pas de soi et se réfèrent à différents critères – strictement chronologique, de périodisation esthétique, de catégorisation esthétique –, ou encore à la combinaison de ces derniers critères.
La législation douanière s'appuie sur une définition chronologique de l'art contemporain conjuguée non pas avec un style mais avec la durée de vie des artistes. Sont en effet considérées comme contemporaines dans le cadre de la procédure d'exportation les œuvres d'artistes vivants ou, dans le cas d'artistes décédés, les œuvres datant de moins de vingt ans. La frontière de cet art « contemporain » se trouve ainsi en perpétuel mouvement.
Pour leur part, les historiens de l'art désignent comme « art contemporain » l'art postérieur à 1945. Les grandes firmes de ventes aux enchères ont elles aussi longtemps observé cette règle et elles l'observent encore largement, même si Christie's a depuis peu introduit une rupture dans l'organisation de ses départements entre œuvres du xxe siècle produites de 1945 à 1970, répertoriées dans les « ventes d'après-guerre » (post war sales), et celles, dites contemporaines, postérieures à 1970. Les conservateurs de musées quant à eux ne dissocient pas la périodisation du style des œuvres. Il existe un certain consensus entre conservateurs pour considérer qu'à l'art moderne a succédé vers 1960 une nouvelle forme d'art, qualifié de contemporain. Par ailleurs, les caractéristiques stylistiques sont essentielles puisqu'une œuvre du type des « chromos », produite sur le seul mode de la reproduction à partir de codes empruntés au passé, ne saurait être qualifiée de contemporaine. Si la définition de ce qui est art contemporain ou non constitue l'objet d'enjeux et suscite parfois le débat, il existe au sein des mondes de l'art un consensus suffisant pour faire exister la communauté organisée autour de cette production.
La valeur de l'art
Comme l'ont bien montré les travaux de Raymonde Moulin, la valorisation de l'art contemporain diffère de celle de l'art ancien en ce que le premier des deux secteurs est fortement soumis au règne de l'incertitude, surtout au début de la carrière des artistes et durant les premières années qui suivent la production de leurs œuvres. Les valeurs s'instaurent selon un double mode : le marché révèle les préférences du moment et vient ratifier les palmarès en vigueur ; pour sa part, le monde institutionnel de l'art – essentiellement composé des musées et autres lieux d'exposition – élabore des classements qui vont distinguer les artistes dignes d'attention. En fait, les deux systèmes apparaissent étroitement dépendants l'un[...]
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Écrit par
- Raymonde MOULIN : directrice de recherche émérite au CNRS
- Alain QUEMIN : professeur de sociologie de l'art à l'université de Marne-la-Vallée, ancien élève de l'École normale supérieure de Cachan et de l'Institut d'études politiques de Paris, professeur agrégé de sciences sociales, membre de l'Institut universitaire de France
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