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BLAKEY ART (1919-1990)

Aux racines du jazz

Le quintette devient la formation emblématique du hard-bop, qui, tout en conservant certains acquis du be-bop, renoue avec les racines noires du jazz en intégrant des éléments empruntés au blues et au gospel. Dans le monde entier, les Jazz Messengers font triompher un swing simple et généreux, un jazz immédiatement chaleureux et spectaculaire qui ne renie pas d'évidentes attaches avec la danse. Au fil des ans se succéderont à la trompette Bill Hardman, Lee Morgan et Freddie Hubbard, au saxophone Jackie McLean, Johnny Griffin, Benny Golson, Hank Mobley, Wayne Shorter et John Gilmore, au piano Sam Dockery, Spanky De Brest, Junior Mance, Bobby Timmons, Walter Davis, Cedar Walton et Keith Jarrett. Le quintette sait même à l'occasion se transformer en sextette pour accueillir invités de marque ou jeunes talents – notamment les trompettistes Chuck Mangione, Woody Shaw, Wynton Marsalis, Terence Blanchard ou Wallace Roney –, que l'infatigable Art Blakey ne manque pas d'aller découvrir. Avec des succès comme Moanin' (1958) ou Ugetsu (1963), les Jazz Messengers gagnent très vite une vaste popularité qui durera jusqu'à la fin des années 1960.

En 1959, Art Blakey participe à deux films français, Des femmes disparaissent d'Édouard Molinaro (dont il compose la bande originale), et Les Liaisons dangereuses de Roger Vadim (interprétant le rôle d’un musicien, au côté de Kenny Clarke !). Pour leur célèbre émission « Pour ceux qui aiment le jazz », Frank Ténot et Daniel Filipacchi choisissent comme indicatif cette tonitruante Blues March (composée par Benny Golson), que les Messengers viennent d'enregistrer en public au Club Saint-Germain (21 décembre 1958). La permanence discrète du grand batteur, la solidité de son assise rythmique, la souplesse de sa direction ont donné aux Jazz Messengers une exceptionnelle longévité tout en préservant à la fois la liberté des solistes et l'évolution en douceur d'un style très caractéristique. Art Blakey meurt à New York le 16 octobre 1990.

Art Blakey est le maître des solos explosifs dans lesquels grondent « toutes les fureurs et toutes les rumeurs de l'Afrique » (Alain Gerber). Avec une exceptionnelle impétuosité et d'irrésistibles relances, il déchaîne de véritables orgies sonores. Il est le plus brutal, le plus baroque, le plus barbare, et l'écho de ses transes retentit dans le jeu d'un Philly Joe Jones et d'un Elvin Jones. Certes, ses figures ne sauraient rivaliser en variété et en richesse avec celles de Max Roach, mais elles montrent néanmoins un sens très remarquable de la polyrythmie, avec, aux cymbales, un puissant parfum afro-cubain. Art Blakey reste l'une des plus puissantes machines à swing de l'histoire du jazz. Tenant le rythme sur la grande cymbale, il sait moduler sa sonorité et relancer les solistes par des interventions bourrées d'énergie et des breaks d'une dynamique rare. Doté d'une grande vélocité des pieds et des mains, il lance de violents roulements crescendo qui accompagnent la fin du dernier solo et propulsent en pleine vitesse le musicien suivant. Adepte du double time – accompagnement où le batteur joue sur un tempo deux fois plus rapide que celui du soliste –, il réussit à swinguer même dans des ballades... Une joie brute, une santé insolente, une pulsation triomphante : le jazz saura-t-il jamais retrouver l'exubérance d'Art Blakey ?

— Pierre BRETON

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    D'anciens boppers parviennent au premier plan : le batteur Art Blakey avec ses Jazz Messengers (Moanin’), le bassiste Charlie Mingus, dont le groupe s'ouvre à une liberté collective qui prépare l'avant-garde (Fables of Faubus), le pianiste Thelonious Monk, dont le jeu abrupt mettra longtemps...
  • MORGAN LEE (1938-1972)

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    Trompettiste de jazz et parolier américain, né le 10 juillet 1938, à Philadelphie, mort le 19 février 1972, à New York, Lee Morgan fut le virtuose le plus expressif du bop sur son instrument et l'un des interprètes les plus populaires de ce courant musical.

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