SOCIALISTES ART DANS LES PAYS
Le théâtre
Données numériques
S'il existait une constante qu'on pût relever dans tous les pays socialistes européens sans exception, c'était bien un développement quantitatif du théâtre considérable, qu'il s'agît du nombre des salles et des troupes ou de la fréquentation du public. Quelques chiffres permettent de saisir l'importance de cette expansion. En U.R.S.S., d'abord, il y avait dans les années 1970 500 théâtres professionnels permanents (au lieu de 150 avant 1917) et plus de 125 000 troupes d'amateurs qui réunissaient une dizaine de millions de participants : si l'Arménie pouvait se prévaloir d'une tradition théâtrale pour le moins aussi ancienne que celle de la Grèce, des pays comme la Bouriatie, la Yakoutie ou le Kazakhstan sont littéralement nés à l'art dramatique depuis la révolution ; chaque république possède son théâtre national et des dizaines de troupes itinérantes, qui utilisent quarante-cinq langues autres que le russe.
Même phénomène dans toute l'Europe de l'Est. En République démocratique allemande, 51 troupes dramatiques, 45 troupes lyriques, 41 corps de ballets, 4 théâtres pour l'enfance, qui exerçaient leur activité sur 81 scènes. En Bulgarie : 32 théâtres dramatiques, 6 lyriques, 13 théâtres de marionnettes, et près de 5 000 troupes d'amateurs. En Pologne : 68 théâtres dramatiques, 8 opéras, 7 théâtres d'opérette, 24 théâtres de marionnettes, plusieurs centaines de troupes d'amateurs, dont 128 constituées d'étudiants ; le théâtre professionnel disposait de 75 scènes. En Hongrie : 25 théâtres. En Roumanie, 42 théâtres dramatiques (dont 11 à Bucarest et 31 dans le reste du pays), 5 théâtres lyriques, 13 d'opérette et de variétés, 22 de marionnettes ; plus de 80 compagnies en activité dans ces salles qui rassemblaient ainsi près de 10 millions de spectateurs par an. En Tchécoslovaquie, outre deux théâtres régionaux itinérants qui avaient leur point d'attache l'un à Prague et l'autre à Bratislava, et qui desservaient 2 450 localités, on comptait 103 compagnies professionnelles qui jouaient dans 83 théâtres (dont 15 troupes permanentes de marionnettes, 13 de théâtre lyrique, 10 d'opérette, 4 de théâtre pour l'enfance) ; 12 000 amateurs faisaient de l'art dramatique et 1 800 du théâtre de marionnettes. En Yougoslavie enfin, il y avait 52 théâtres, 10 opéras, 2 théâtres d'opérette, 9 de marionnettes, 6 théâtres pour l'enfance et 4 pour la jeunesse, sans compter environ 2 000 compagnies d'amateurs.
Si des données statistiques précises manquent pour la Hongrie, il y a tout lieu de croire qu'elles fourniraient des chiffres du même ordre. Il faut noter que le théâtre atteignait, dans toutes les républiques socialistes multinationales, les publics les plus divers du point de vue linguistique : à titre d'exemple, on peut signaler qu'il existait en Roumanie, pour 33 théâtres de langue roumaine, 6 qui s'exprimaient en hongrois, 2 en allemand et 1 en yiddish ; et que chacune des républiques yougoslaves avait son théâtre national et ses troupes permanentes. Un peu partout, enfin, on entend essentiellement par « opérette » des spectacles musicaux issus du folklore local et qui mettent en œuvre les ressources propres à la technique du théâtre.
Structures de la vie théâtrale
En 1919, Lénine signait un décret en vertu duquel étaient nationalisés tous les théâtres de Russie : pas plus en Union soviétique que dans les démocraties populaires, il ne pouvait exister de théâtre privé. Toutes les entreprises théâtrales étaient prises en charge par les municipalités, les districts ou l'État, selon des modalités qui pouvaient varier de pays à pays, mais qui n'en obéissaient pas moins partout aux mêmes lignes générales. Schématiquement,[...]
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Écrit par
- Robert ABIRACHED : agrégé des lettres classiques et docteur ès lettres, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-X-Nanterre
- Louis MARCORELLES
: critique de cinéma au journal
Le Monde - Jean-Jacques NATTIEZ : professeur titulaire de musicologie
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