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SOCIALISTES ART DANS LES PAYS

Le cinéma

Les origines soviétiques

Eisenstein - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Eisenstein

Un cinéma socialiste n'a vraiment de sens que dans une société socialiste, où tous les moyens de production et de distribution sont dans les mains de l'État, où la recherche du profit n'est pas le but premier de l'industrie cinématographique. Longtemps, l'Union soviétique a été le seul pays où ces conditions se trouvaient remplies. Elle connut son heure de gloire dans les années 1920, quand, parallèlement aux recherches entreprises dans tous les domaines de l'expression artistique, le cinéma soviétique, avec Eisenstein, Poudovkine, Dovjenko, Dziga Vertov, se situa à l'avant-garde du cinéma mondial.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale surgissent les régimes socialistes dans l'est de l'Europe. L'influence alors prépondérante en Union soviétique est celle du «  réalisme socialiste » qui, en rupture complète avec les recherches des années 1920, témoigne du souci de mettre à la portée du plus large public des histoires simples, à forte dominante manichéenne, aux contrastes élémentaires. L'œuvre type de cette période reste La Chute de Berlin (Padenie Berlina) de Mikhaïl Tchiaourelli, épopée en couleurs sur le dernier épisode de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Un Staline omniscient préside imperturbablement aux destinées du peuple soviétique et de l'Armée rouge. Quand, l'armistice signé, il arrive en Allemagne et descend d'un avion soviétique tout de blanc vêtu, c'est un mélange de Dieu le Père et du Saint-Esprit (le costume blanc ajoute à la confusion) qui s'avance vers les travailleurs étrangers déportés éperdus d'admiration. André Bazin, dans une étude célèbre sur le mythe de Staline, analysant deux autres films de cette période, Le Serment (Kljatva, du même Tchiaourelli, 1946) et La Bataille de Stalingrad (Stalingradskaja Bitva, de Vladimir Petrov, 1949), a dégagé admirablement la charge historique contenue dans ces œuvres édifiantes où, plus que dans des pièces de théâtre ou des livres, se refléta l'arbitraire d'une époque.

Dans les démocraties populaires

Tout naturellement, après l'avènement des diverses démocraties populaires, le cinéma, nationalisé dès la fin de la guerre, subit par ricochet la même influence paralysante. Au moment de la pire terreur politique, le cinéma hongrois tourne des bluettes sur la joie du travail bien accompli. Plus occidentalisé que les cinémas soviétique ou polonais, il présente sur un mode presque hollywoodien des destins sans faille. D'étonnants documents sont néanmoins filmés, aussi bien en Hongrie qu'en Tchécoslovaquie, lors des procès politiques de László Rajk (1949) et de Rudolf Slánský. Menant à son ultime conclusion la déclaration de Lénine sur l'« importance » du cinéma pour la révolution, les responsables politiques ont voulu enregistrer pour la postérité ces témoignages assez particuliers d'anciens leaders communistes brusquement mis au banc d'infamie.

D'une certaine façon, l'aventure des nouveaux cinémas socialistes nés de la guerre ne commence véritablement qu'avec la mort de Staline en 1953, non sans qu'un minimum de temps ait été nécessaire pour permettre aux bouches de s'ouvrir, aux talents de s'affirmer.

Le cinéma polonais

Andrzej Wajda - crédits : Laski Diffusion/ Getty Images

Andrzej Wajda

Le cinéma polonais est le premier à donner le ton. Andrzej Munk, avec Un homme sur la voie (Czlowiek na torze, 1955), Andrzej Wajda, avec Générations (Pokolenie, 1954) et Kanal (1956), dépassent les conventions du fameux « réalisme socialiste : Munk en mettant l'accent sur une aventure simplement humaine où s'est trouvé impliqué un cheminot, Wajda en inaugurant ce style flamboyant, ce retour aux sources d'un certain romantisme polonais qui le caractérisent et qui s'épanouissent dans Cendre et diamant (Popiol i diament[...]

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Écrit par

  • : agrégé des lettres classiques et docteur ès lettres, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-X-Nanterre
  • : critique de cinéma au journal Le Monde
  • : professeur titulaire de musicologie

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Médias

<it>Trois Figures féminines</it>, K. Malévitch - crédits : AKG-images

Trois Figures féminines, K. Malévitch

<it>La Construction des nouveaux ateliers</it>, A. Deïneka - crédits : Droits réservés

La Construction des nouveaux ateliers, A. Deïneka

<it>Festivités du 1<sup>er</sup> mai: Lénine à la tribune</it>, I. Brodsky - crédits : RIA Nowosti/ AKG-images

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