- 1. Le style de cour français, son extension à l'Angleterre
- 2. Le style rayonnant
- 3. L'enluminure et son influence sur l'orfèvrerie
- 4. La Bohême
- 5. L'art de cour en France à la fin du XIVe siècle et les grands apanages
- 6. La sculpture : Beauneveu, son héritage
- 7. La peinture et l'apparition de l'italianisme dans les enluminures des frères de Limbourg
- 8. Bibliographie
ART DE COUR
La peinture et l'apparition de l'italianisme dans les enluminures des frères de Limbourg
En 1396, Jean Malouel, originaire de Gueldre, fut nommé peintre en titre de Philippe le Hardi à Paris et à Dijon. Le tondo aux armes de Bourgogne du Louvre, attribué à Malouel, est une pietà trinitaire, reflétant une Trinité disparue, sculptée par Jean de Marville pour la chartreuse de Champmol, avec Dieu le Père tenant debout le Christ en croix. Deux des frères de Limbourg, ses neveux, Herman et Jean, furent mis en apprentissage chez un orfèvre de Paris. Puis Paul et Jean de Limbourg peignirent (1400/1402-1404) pour Philippe le Hardi une Bible moralisée où l'on décèle des emprunts à Jean de Beaumetz, peintre à Champmol. En 1405, les trois frères de Limbourg entrèrent à Bourges au service de Jean de Berry. Ils complétèrent les Petites Heures du duc et ses Très Belles Heures de Notre-Dame (Bibl. nat.) qu'avait commencées le Maître du parement de Narbonne (devant d'autel peint en grisaille sur samit blanc pour Charles V), un artiste représentant du courant bohémien à Paris. Les Très Riches Heures, laissées inachevées en 1416, l'année de la mort du duc de Berry et des trois frères de Limbourg, se distinguent des Belles Heures (1405-1409) par un nombre beaucoup plus grand d'italianismes. Dans l'Annonciation des Belles Heures, les rinceaux d'acanthes animées de l'encadrement sont inspirés des piédroits de la porta della mandorla de la cathédrale de Florence. Dans deux des Heures de Charles III de Navarre, par Zebo da Firenze, se glissent des grivoiseries flamandes. Parmi les « portraits » des châteaux de Jean de Berry, qui sont la nouveauté sensationnelle du calendrier des Très Riches Heures, signalons que le laboureur à son araire pour le mois de mars transpose un bas-relief giottesque du campanile de la cathédrale de Florence. Le paysage couvert de neige (février) et les travaux des mois ont leurs précédents à la tour de l'Aigle de Georges de Lichtenstein, prince-évêque de Trente, dont les fresques furent peintes vers 1406 par Wenzel, peintre originaire de Bohême, influencé par Stefano da Verona, le représentant le plus exquis du style gothique international dans l'Italie du Nord. La Chute des anges rebelles dans les Très Riches Heures occupe une place charnière parce qu'elle dérive d'un tableau siennois dans la manière d'Ambrogio Lorenzetti (au Louvre), et qu'elle annonce une composition analogue de Jean Fouquet. Paul de Limbourg, dont Millard Meiss a dégagé magistralement la supériorité de main sur ses frères, peignit le semage et le hersage du champ devant le Louvre de Charles V (octobre) avec une récession calculée de l'espace plat fuyant et des tonalités de perspective atmosphérique qui constituent des innovations capitales pour l'histoire de l'art : l'Italie les redécouvrira séparément au xve siècle.
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Écrit par
- Philippe VERDIER
: professeur émérite, université de Montréal,
Kress Fellow , Galerie nationale, Washington, membre de la Société royale du Canada
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