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STEPPES ART DES

La période préclassique (XIe-VIIIe s. av. J.-C.)

Du fait de sa situation excentrique par rapport à l'ensemble des steppes, le bassin de Minusinsk fut occupé par les Russes à partir de 1618. Au xviiie siècle, suivant l'exemple de Pierre le Grand, féru d'antiquités, les autorités russes faisaient grand cas des trouvailles archéologiques, et plus particulièrement des bronzes, armes, pendentifs ou ornements ; officiels et particuliers rivalisaient surtout dans la collecte des pièces à décor animalier, et leur nombre à la fin du xixe siècle pouvait se chiffrer par milliers. Il revint au savant soviétique Teplooukhov de fixer la première chronologie de cet immense matériel. En 1929, il proposa la date de 1000 avant J.-C. pour la première étape des civilisations de l'Ienisseï, en l'appelant culture de Karasouk. La même année, le Suédois J. G. Andersson donna le nom d'art du Suiyuan à un ensemble de pièces ramassées dans la précédente décennie aux confins de l'Ordos sur les berges du fleuve Jaune et dont le décor animalier était similaire à celui des bronzes de Karasouk. Enfin, toujours en 1929, parut le premier rapport sur les fouilles de Anyang, capitale de la dynastie des Shang (xive-xie s. av. J.-C.), dont les somptueux bronzes, enfin datés, fourmillent de motifs animaliers.

L'ensemble de ces pièces présentait des styles animaliers très apparentés. Les objets les plus caractéristiques sont de grands couteaux à dos courbe et au manche décoré, en ronde bosse, de tête de cervidé ou de capridé, ainsi que certains sommets de hampes ornés de bêtes dressées, les sabots joints. Leur facture, fruit d'une observation aiguë de chasseurs entraînés, se retrouve à Minusinsk sur des stèles et des piliers où se côtoient ours, béliers et cerfs. Nous avons ainsi, au seuil du Ier millénaire avant J.-C., un grand ensemble sino-sibérien qui surgit presque au même moment sur les bords de l'Ienisseï, dans quelques oasis mongoles et sur les berges du fleuve Jaune. La priorité chronologique jouant, il fallut attribuer la paternité de ce premier art des steppes aux fondeurs chinois de la fin du IIe millénaire avant J.-C. La solution la plus simple fut de supposer que des familles chinoises, fuyant les troubles des xiie-xie siècles, émigrèrent à l'ouest pour féconder la vieille culture d'Andronovo et susciter dans le bassin de Minusinsk la culture de Karasouk. La solution ne semble plus aussi simple aujourd'hui. Car la culture de Karasouk, mieux connue, se divise en deux groupes : le Karasoukien à proprement parler et le Lugarskien, le premier seul comportant des éléments sinisants. Les recherches sur le faciès karasoukien, appliqué au vieux fond andronovien, étendent sa marque jusqu'au Tianshan et au lac Balkaš.

Quelles que soient les voies et les causes, il faut retenir qu'un puissant rayonnement du foyer chinois entraîna la formation de cultures karasoukiennes dans les centres steppiques privilégiés qui jalonnent les territoires allant du plateau de l'Ordos à celui du Pamir, au seuil même de la zone d'influence du monde iranien. Ici, bien qu'un peu plus tard, commence une même histoire, mais avec d'autres partenaires.

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Écrit par

  • : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales

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Médias

Surmont, art tagare - crédits :  Bridgeman Images

Surmont, art tagare

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture - crédits : Encyclopædia Universalis France

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers - crédits : Encyclopædia Universalis France

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers

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