STEPPES ART DES
La période postclassique (IIIe s. av.-IIIe s. apr. J.-C.)
L'économie florissante des éleveurs du premier millénaire avant notre ère entraînait une organisation administrative de plus en plus complexe, qui peu à peu rejoignait celles des civilisations sédentaires et urbaines et subissait tous les à-coups des rivalités politiques. Cependant d'autres tribus, moins fortunées, profitant de l'expérience, se groupaient et constituaient à leur tour une confédération qui se saisissait du pouvoir.
Il en fut ainsi des Sarmates à l'ouest et des Xiongnu à l'est. À la différence de leurs prédécesseurs, leur culture ne résulta pas de la fusion de deux grandes traditions artistiques, celle des grandes forêts du Nord et celle des riches plaines du Sud. En une première phase, elle perpétue un style animalier ayant perdu de sa vigueur initiale et déjà encombré d'ornements floraux ; dans une seconde phase se crée un art polychrome de plus en plus chargé d'éléments géométriques et végétaux. Sur ces nouveaux fonds s'exercèrent à nouveau et de façon plus vive des influences gréco-iraniennes et chinoises.
Les Xiongnu et les Huns
À partir de 1924, à Noïn-ula, en Mongolie, furent fouillés de grands kourganes princiers. Le type de sépulture est très proche de celui de la Chine : on y trouve des cercueils et des objets laqués, des soieries et brocarts, des mors en fer et des chanfreins en bronze. Mais les somptueux héritiers de l'art classique des steppes sont les tapis de laine : les combats d'animaux (rapaces attaquant des yaks ou des élans) qui s'y déploient sont certes moins fougueux que précédemment, mais ils ne sont pas moins évocateurs de la vie sauvage des plaines herbeuses.
Dans le bassin de Minusinsk, la culture de Taštyk (iie s. av.-ive s. apr. J.-C.) traduit des transformations profondes. Les kourganes ont disparu ; ne restent que des caveaux ou des fosses à incinération. Des masques mortuaires, véritables portraits placés dans les tombes, révèlent un type ethnique nouveau : à l'europoïde de Tagar succède un type fortement mêlé de traits mongoloïdes. Les restes funéraires montrent que l'économie mixte d'agriculteurs et d'éleveurs se poursuivait, avec une prédilection toutefois pour l'élevage des chevaux. Mais, ici comme en Mongolie, on est toujours en présence d'une forte dominante chinoise, malgré des bois ornés et des gravures rupestres qui gardent leur originalité.
Si la poussée de la Chine est encore forte chez les taštykiens de l'Ienisseï, elle s'allège chez les Wusun du Balkaš. Le goût hunnique se manifeste, mais des traits originaux permettent de penser que la population était un groupement de tribus distinct des Xiongnu de Mongolie et de considérer celles-ci comme les éléments d'un groupe de « Huns d'Asie médiane ». Les témoignages les plus brillants y sont tardifs, tels ceux de la tombe 19 de Kanattas au nord du Balkaš : tous les objets sont incrustés de grenats et d'almandine, préfigurant l'« art barbare » du haut Moyen Âge occidental.
Les Sarmates
Les Sarmates, appelés d'abord Sauromates, nomadisaient aux ive-iiie siècles avant J.-C. à l'est du Don. Si leur nom évoque la légende des Amazones avec ses contingents invincibles de femmes guerrières, c'est vraisemblablement à leur armement qu'ils durent leur puissance. Leurs combattants, porteurs de cuirasses, d'épées longues et de grandes lances, formèrent les premiers contingents de cavalerie lourde. Ceux-ci, bien armés, bien protégés, purent écraser les Scythes et les confiner dans leur réduit criméen. Leurs tombes (quelque six cents entre le Don et la Volga, quelque deux cents au nord de la mer Noire) révèlent une continuité entre leur culture, celle des tombes à charpentes et celle d'Andronovo. Comme les Huns, et pour faciliter le port nouveau du casque, ils subissaient[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Vadime ELISSEEFF : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales
Classification
Médias
Autres références
-
ALTAÏ TOMBES DE L'
- Écrit par Vadime ELISSEEFF
- 553 mots
L'expression « tombes de l'Altaï » est un vocable courant pour désigner les tombes à tumulus ou à kourganes du Haut-Altaï, témoins de la culture de Pasyryk du ~ ve au ~ iie siècle et de celle de Shibe du ~ iie siècle au iie siècle.
La culture de Pasyryk est illustrée...
-
BESTIAIRES
- Écrit par Françoise ARMENGAUD et Daniel POIRION
- 10 728 mots
- 11 médias
L'inspiration de l'art préhistorique se poursuit dans ce qu'on a appelé l'art des steppes, dans la mesure où il s'agit là encore d'animaux représentés isolément, et où le thème de l'affrontement, de la lutte, sinon de la chasse, reste dominant. L'originalité de cet art naît de la... -
HUNS
- Écrit par Michel KAZANSKI
- 3 674 mots
- 16 médias
...relief granulé ou estampé en forme de corde ou de tresse, seraient caractéristiques des nomades de l'époque hunnique et auraient été exécutés dans les ateliers des steppes. Selon I. P. Zaseckaja, les objets de style polychrome disparaissent progressivement des steppes vers le milieu du ve siècle et,... -
KOURGANE DE KOUL-OBA (Russie)
- Écrit par Huguette MEUNIER
- 292 mots
- 1 média
Le 22 septembre 1830, Paul du Brux, militaire franc-comtois au service du tsar Alexandre Ier, et Ivan A. Stempkovski, gouverneur de Kertsch passionné d'Antiquité, découvrent dans la presqu'île de Kertsch, en Crimée, le kourgane (tertre funéraire) de Koul-Oba – la « colline de cendre », en ...
- Afficher les 8 références