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ÉQUESTRE ART

Les écoles équestres

La Guérinière

L'histoire de la haute équitation est liée à celle des monarques et des cours. Elle y contribuait au prestige de l'État, enrichissait l'art militaire, servait le plaisir et le goût des princes et des nobles. Si elle en fut le privilège presque exclusif, cela s'explique par le luxe de moyens nécessaires à la sélection des hommes et des chevaux et par l'importance des frais provoqués par leur maintien dans des conditions indispensables à l'épanouissement de leurs dons.

Les personnalités équestres qui demeurèrent isolées sont rares, soit qu'elles aient été appelées auprès d'une cour à cause de leur talent, comme le Français François Robichon de La Guérinière, soit que leurs qualités n'aient pu, sans assistance matérielle, se développer jusqu'à la notoriété.

On peut retenir deux principales traditions équestres : celle de l'école de Versailles, dont les continuateurs approximatifs furent des Allemands comme le baron de Sind ou G. Steinbrecht, et des Autrichiens comme Maximilien von Weyrother et ses successeurs à l'école espagnole de Vienne, qui considèrent aujourd'hui encore l'œuvre de La Guérinière comme leurs « tables de la Loi » ; celle de l'école bauchériste (François Baucher, 1805-1873), dont se recommandent encore quelques cavaliers. Aucune des autres interprétations qui ont vu le jour depuis le début du xixe siècle n'a porté très haut ni très loin les écuyers qui s'en inspirent. Enfin, on ne peut classer les écoles par nationalité, même si leurs présentations portent toujours la marque du tempérament de leurs exécutants. L'équitation s'apprécie sur son exécution obtenue par des moyens qui la caractérisent et qui sont eux-mêmes l'expression de principes.

Rien n'apparaît à première vue comme plus antagoniste que ces deux écoles. Le langage même de La Guérinière est tout empreint de la subtilité de l'art qu'il évoque. Le charme est créé dès les premières pages de son livre École de cavalerie ; la poésie en égale la valeur didactique et donne le ton. La Guérinière insiste sur quatre points :

– La position : elle est tout le dressage, c'est d'elle que dépend l'équilibre du cheval ; ce souci d'élégance efficiente explique son extraordinaire brillant.

– La nécessité du trot : c'est la préoccupation immédiate de porter en avant dans l'allure la plus constructive pour un jeune cheval. Elle « rend un cheval léger à la main sans lui gâter la bouche et lui dégourdit les membres sans les offenser ». C'est l'impulsion instantanée et constante, sans laquelle il est impossible d'ajuster un cheval.

– L'abaissement des hanches, qui donne « l'équilibre naturel qui contrebalance le devant », est l'objectif. Les moyens en sont les arrêts et demi-arrêts produits par la main qui se fixe et soutient le devant, secourue par la jambe qui chasse délicatement les hanches.

– L'épaule en dedans complète l'assouplissement des hanches. Elle est le pivot de la formation du cheval d'école. La flexion correcte des hanches provoque le relèvement progressif et naturel de l'encolure et le dégagement des épaules sans intervention directe de la main.

La Guérinière est l'apôtre d'une équitation naturelle et raisonnée. Sa conception repose sur l'assouplissement, sans forcement, de l'ensemble du cheval dans le mouvement en avant, sur une recherche de légèreté extrême, dans une impulsion constante, l'élégance et le brillant devant signer l'ouvrage. L'importance de cette équitation réside dans son aboutissement qui va très au-delà des simples airs de manège pour prendre toute sa valeur virile et pratique. « Pourrait-on avec un peu de jugement avancer qu'un cavalier capable de pratiquer les principes d'une bonne école,[...]

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Écrit par

  • : dresseur de chevaux
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Allures par travail au manège - crédits : Encyclopædia Universalis France

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