CYCLADES ART ET ARCHÉOLOGIE DES
L'évolution des Cyclades à l'Âge du bronze – IIIe et IIe millénaire avant J.-C. – fut au début du xxe siècle subdivisée par Evans en périodes appelées Cycladique ancien (C.A.), Cycladique moyen (C.M.) et Cycladique récent (C.R.). Ce schéma tripartite soulignait l'évidente parenté qui unit alors les îles à l'ensemble du monde égéen, en même temps qu'il marquait les différences qui les séparent de la Crète (domaine minoen) et de la Grèce continentale (domaine helladique).
Les découvertes archéologiques de la fin du xixe et du début du xxe siècle restèrent longtemps sans suite dans les Cyclades. Elles montraient que les îles avaient été, au Bronze ancien (Cycladique ancien), le siège d'une civilisation brillante et mystérieuse, révélée par les premières fouilles à Syros, Paros, Naxos et Amorgos. Elles suggéraient en outre qu'elles étaient ensuite tombées sous la dépendance de la Crète, et les fouilles britanniques à Phylakopi, dans l'île de Mélos, venaient à point nommé illustrer les étapes de ce destin historique.
Depuis les années 1960, cependant, l'image se transforme et se précise. Les premières étapes du peuplement, au Néolithique, commencent à sortir de l'ombre. Le Bronze ancien est enfin représenté par des habitats et non plus seulement par des tombes. Le Bronze récent se révèle, à Kéos et à Théra, sous des aspects brillants et spectaculaires. L'éruption du volcan de Théra, au milieu du IIe millénaire, paraît, à première vue, pouvoir expliquer la destruction de la civilisation minoenne.
Mais, pour importants que soient ces résultats, ils n'en laissent pas moins subsister de graves incertitudes, qui portent sur des périodes entières, comme le Cycladique moyen, et sur des questions cruciales, comme celle du statut politique des îles vis-à-vis de la puissance minoenne.
L'archéologie cycladique, par ailleurs, ne se confond pas avec celle des Cyclades : le terme est aussi faux que commode. Au Bronze ancien, en particulier, la civilisation qui fleurit dans l'archipel s'étend également, sans altérations notables, dans l'est du Péloponnèse, en Attique et en Eubée : les archéologues voient là, parfois, des « colonies » cycladiques, mais il s'agit en fait d'un seul et même ensemble. Inversement, toute une série d'îles, en particulier celles du nord, semblent rester à l'écart de ces développements, si l'on en juge par la rareté des trouvailles : c'est le cas d'Ikaria, de Ténos et d'Andros. Les découvertes se concentrent en fait dans un petit nombre d'îles, de Syros à Ios, de Naxos à Amorgos. Et ce qui vaut pour le Bronze ancien peut aussi bien valoir pour les périodes suivantes, les unités culturelles ne coïncidant pas nécessairement avec les entités géographiques.
Des origines au Cycladique ancien ( ? - 1950 av. J.-C.)
L'absence de peuplement paléolithique s'explique très probablement par l'incapacité où se trouvent les populations du continent de franchir les distances qui les séparent des îles. L' obsidienne de Mélos apparaît pourtant à la fin de la période en Argolide, ce qui implique nécessairement la connaissance de la navigation : l'île elle-même, malgré cela, ne semble pas encore peuplée. C'est à Kythnos, sur le site de Maroulas, que l'on trouve les plus anciennes traces de peuplement, qui semblent dater de la période mésolithique.
Mais c'est seulement à la fin du Néolithique moyen ou au début du Néolithique récent que l'occupation humaine paraît s'étendre. Sur l'îlot de Saliagos, entre Antiparos et Paros, un petit groupe vivant d'agriculture et d'élevage, mais aussi de pêche et de chasse, habite de petites maisons au soubassement de pierre, peut-être protégées par une enceinte ; il maîtrise[...]
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Écrit par
- Jean-Claude POURSAT : professeur émérite à l'université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
- René TREUIL : professeur à l'université de Paris-I
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