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ART & SCIENCES

La science de l'héritage culturel

Plusieurs disciplines sont regroupées pour former la science de l'héritage culturel, qui expertise, étudie, évalue l'état de conservation des œuvres.

L'archéométrie et l'archéologie

Le but des examens et des recherches analytiques entrepris sur des objets d'art antiques ou d'archéologie est d'obtenir des observations pertinentes et des données quantitatives qui aident les archéologues ou les historiens de l'art à reconstituer le savoir-faire d'un artisan ou d'un artiste, ou à éclairer un aspect du mode de vie ou de la culture d'une société.

Jusque dans les années 1960, la chimie par voie humide et la datation par la méthode du carbone 14 étaient les principales méthodes d'analyse auxquelles archéologues et responsables de musée avaient recours. À partir des années 1960, les méthodes physico-chimiques les plus variées ont été progressivement utilisées par des équipes regroupant scientifiques, archéologues et conservateurs de musée. Elles ont en particulier été développées à Oxford par M. J. Aitken. Celui-ci publie depuis 1958 la revue Archaeometry, dont le nom désigne désormais l'approche physico-chimique de l'archéologie. La prospection des vestiges dans le sol passe par l'étude des anomalies révélées par le résistivimètre (appareil qui sert à mesurer la résistivité du sol, c'est-à-dire l'inverse de la conductivité électrique), par le magnétomètre à protons ou par la photographie aérienne ; la fouille est de plus en plus pratiquée dans un véritable laboratoire de terrain installé sur le site même : on y détermine le maximum de données, on prélève des échantillons paléontologiques, pédologiques, palynologiques, qui sont traités par les différents spécialistes sur place ou dans des laboratoires équipés pour ce type d'études. Il est fait appel à la grande variété des sciences de la Terre aussi bien qu'aux sciences des matériaux, dans une optique archéologique qui fait le bilan des approches archéométriques et historiques.

La conservation-restauration

Cesare Brandi, en 1950, dans un livre intitulé Teoria del restauro, Harold Plenderleith, en 1956, avec ses travaux sur La Conservation des antiquités et des œuvres d'art, Paul Coremans, dans ses cours professés à l'Institut royal du patrimoine artistique de Bruxelles, ont défini, chacun, les principes d'une « conservation-restauration » scientifique : ils ont établi la règle de la stabilité et de la réversibilité de l'intervention, celle de l'intégrité et de la lisibilité de l'œuvre. Paul Philippot, formé à Bruxelles, mène quant à lui, à la tête de l'I.C.C.R.O.M. (Comité international de conservation-restauration des musées), une réflexion sur l'intégration des objets patrimoniaux dans notre société. Ainsi s'est élaborée la conservation-restauration, enseignée dans les universités ou dans des instituts spécialisés européens. En Californie, le Getty Institute (Malibu) consacre lui aussi une part importante de son budget à l'enseignement d'un métier qui réunit une solide formation théorique alliant sciences humaines et sciences physico-chimiques à une longue mise en pratique.

La conservation préventive

Les derniers développements de la conservation préventive privilégient les mesures qui permettent de réunir les conditions les plus favorables sur le plan écologique à la sauvegarde des collections des musées ou des ensembles gardés in situ : pollution de l'air, étude du vieillissement des matériaux, des conditions de transport et d'exposition des œuvres, etc.

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Écrit par

  • : conservateur général du patrimoine, directeur de la rénovation du musée de l'Homme

Classification

Médias

Michel-Eugène Chevreul - crédits : Bettman/ Getty Images

Michel-Eugène Chevreul

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