FARMER ART (1928-1999)
Le trompettiste et bugliste américain de jazz Arthur Stewart Farmer naît à Council Bluffs, dans l'Iowa, le 21 août 1928. Alors qu'il a quatre ans, son père meurt accidentellement ; sa mère s'établit à Phoenix, Arizona. Très musicienne, elle l'initie dès l'âge de six ans au piano ; il étudie ensuite le violon, le tuba et enfin la trompette. En 1945, il quitte Phoenix pour Los Angeles avec son frère jumeau, Addison Gerald Farmer (1928-1963), qui deviendra un très solide bassiste et accomplira l'essentiel de sa carrière avec lui. C'est avec Horace Henderson, Floyd Ray, Roy Porter, Gerald Wilson et Johnny Otis que le jeune Art Farmer fait ses débuts professionnels.
En 1947, à New York, il découvre le be-bop et travaille dans l'orchestre de Jay McShann. On le retrouve en 1948 en compagnie de Benny Carter puis, en 1949, de Dexter Gordon, de Frank Morgan et de Teddy Edwards. Cette même année, il réalise son premier enregistrement, au sein du quintette de Wardell Gray, où il rencontre Hampton Hawes. En 1953, il participe avec Clifford Brown à la tournée européenne du big band de Lionel Hampton. Il fonde avec Gigi Gryce un quintette qui se produira de 1954 à 1956, appartient au quintette d'Horace Silver (1956-1958), rejoint au côté de Charlie Mingus le New Directions Band de Teddy Charles et enregistre avec Julian « Cannonball » Adderley (Alabama Concerto, 1958) et Bill Evans (Modern Art, 1958), notamment. Gerry Mulligan l'appelle en 1958 pour remplacer Chet Baker dans son célèbre quartette.
En 1959, Art Farmer crée avec le saxophone ténor Benny Golson un sextette très original – le Jazztet –, où le trombone, successivement tenu par Curtis Fuller et Grachan Moncur III, se joint à la trompette et au saxophone habituellement utilisés en la circonstance. La formation, où figure également le pianiste McCoy Tyner, connaîtra un grand succès jusqu'à sa dissolution en 1962 ; parmi ses enregistrements figurent des classiques du be-bop, dont Meet the Jazztet (1960), dans lequel figurent les standards Killer Joe, I Remember Clifford et Blues March, et le remarquable The Jazztet and John Lewis (1961). C'est à cette époque qu'Art Farmer abandonne progressivement la trompette pour la sonorité plus feutrée du bugle et fonde en 1962 un quartette avec le guitariste Jim Hall, auquel succédera le pianiste Steve Kuhn en 1965.
En 1968, Art Farmer s'établit à Vienne et travaille régulièrement avec une formation de la radio autrichienne. On l'entend beaucoup dans les clubs et festivals européens. De retour aux États-Unis à la fin des années 1970, il sera l'un des ultimes musiciens d'Art Pepper. On lui doit un hybride de la trompette et du bugle, le « flumpet », dont il jouera à partir de 1989. Art Farmer meurt à New York le 4 octobre 1999.
Leader discret, accompagnateur efficace, splendide soliste, Art Farmer se situe à mi-chemin des styles de Miles Davis et de Chet Baker. Ce grand admirateur de Billy Strayhorn réussit à marier la tradition du swing et la fébrilité du be-bop naissant. L'improvisateur est à la fois imaginatif, fin et économe de ses moyens. Son langage, très lisible, est plus tourné vers l'intériorité et le lyrisme pudique que vers les envolées démonstratives. Aussi est-ce dans les ballades (On The Road, 1976, Silk Road, 1997), où nous enchante une sonorité colorée et brumeuse, que l'on retrouvera le meilleur de ce poète-musicien.
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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