MAGDALÉNIEN ART
Chacun connaît l'art magdalénien, même sans le voir, au moins depuis la découverte de la grotte de Lascaux (Dordogne) en 1940. L'art magdalénien fut même le premier art d'un passé « préceltique » inconnu, introduit dans des musées français, dès la première moitié du xixe siècle, grâce à la trouvaille d'objets osseux gravés de représentations animales.
Une des fouilles pionnières organisées dans les années 1860 en Périgord, celle du grand abri-sous-roche de La Madeleine en bordure de la Vézère, a fait reconnaître à la fois la préhistoire de l'homme, contemporain pendant une période froide d'une espèce animale devenue ensuite fossile, et celle de l'art : un fragment de défense de mammouth avait été alors découvert parmi des centaines d'objets travaillés en pierre, en ramures et en os de différents animaux. C'est grâce à l'art magdalénien que l'art pariétal paléolithique a été reconnu quand, en 1879, le marquis de Sautuola aperçut des peintures bichromes de bisons sur un grand plafond de la grotte d'Altamira (province de Santander, Espagne) dont il fouillait l'entrée.
Objets et parois témoins
Les représentations faites par des chasseurs magdaléniens se comptent par milliers. Elles abondent sur des objets (art mobilier), trouvés dans leurs habitats : des abris rocheux, des porches d'entrée de grottes ou des cabanes construites. Il s'agit, d'une part, d'outils ou d'instruments, gravés ou parfois sculptés, taillés essentiellement dans des matériaux osseux (os, dents, ramures) prélevés sur les animaux chassés : ces objets décorés ont été utilisés par les chasseurs, et souvent abandonnés brisés dans leurs habitats. Il s'agit, d'autre part, d'ensembles mobiliers, moins denses, composés de pièces non utilitaires mais qui devaient avoir une signification particulière, à valeur décorative et/ou symbolique, dans les habitats : ce sont des plaques, des dalles, des blocs parfois assez volumineux mais toujours transportables ou déplaçables, le plus souvent des calcaires et des schistes, c'est-à-dire des roches assez tendres. Les Magdaléniens y ont réalisé des gravures ou des peintures (ces dernières exceptionnellement conservées). Sur ces supports lithiques, les représentations gravées, le plus souvent animales, mais aussi humaines et abstraites (signes) foisonnent parfois dans d'inextricables lacis de superpositions. Certains habitats magdaléniens offrent d'étonnants ensembles de supports gravés. Ainsi, le sol d'habitat (huttes) de Gönnersdorf (Rhénanie) avait été pavé de centaines de plaques de schistes gravées d'animaux et de représentations féminines. Pour tous les Magdaléniens, de la péninsule ibérique à la Pologne et à la Tchéquie, les représentations sur objets, utilitaires ou non, étaient étroitement liées à leur vie domestique, comme la parure – perles, pendeloques, boutons, etc. – l'était, au quotidien, sur leurs corps et leurs vêtements.
La découverte en 1994 de la grotte Chauvet (Ardèche) a permis de mieux connaître les débuts de l'art des grottes. Des dessins d'animaux tracés avec des morceaux de charbon y ont été datés de plus de 30 000 ans et attribués ainsi à l'Aurignacien, première culture européenne de l'homme moderne de la préhistoire (Homo sapiens sapiens). Ils sont près de deux fois plus anciens que les animaux de Lascaux, datés du début de la culture magdalénienne, vers 18 000-17 000 B.P. (before present).
L'art magdalénien (pariétal ou mobilier) est beaucoup plus dense que les arts – aurignacien, gravettien, solutréen et épigravettien – qui l'ont précédé, dans la même aire occidentale de l'Europe, essentiellement en France et en Espagne. Les trois quarts des quelque 300 sites ornés (grottes, abris-sous-roche et rochers à[...]
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Écrit par
- Denis VIALOU : docteur ès lettres et sciences humaines, professeur de classe exceptionnelle au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
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Autres références
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ALTAMIRA
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