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ART (notions de base)

Les liens qui ont longtemps uni l’art et la religion se sont-ils distendus au fil de l’histoire ? L’art s’est-il émancipé de la religion pour devenir une activité culturelle autonome ? Alain (1868-1951) se serait-il trompé en affirmant que « l’art et la religion ne sont pas deux choses, mais l’envers et l’endroit d’une même étoffe » ?

L’attitude respectueuse, quand ce n’est pas la vénération, qui caractérise les visiteurs d’un musée devant les toiles célèbres, le silence absolu que s’imposent les auditeurs d’un concert classique, la dimension de sacralité inséparable de nombre de pratiques artistiques… tous ces comportements semblent montrer que l’art n’a pas totalement rompu avec ses origines religieuses. Afin de le vérifier, il nous faut suivre l’art en ses évolutions.

Art et artisanat

L’artiste tel que nous le connaissons depuis quelques siècles, le créateur dont le nom est vénéré de tous, n’a pas toujours existé. Depuis la plus lointaine Antiquité jusqu’à la Renaissance, l’art s’inscrivait dans l’ensemble des productions que les hommes ajoutaient aux créations de la nature.

Telle était la conception de l’art pour la majorité des penseurs grecs, qui ne distinguaient pas art et artisanat. Quand la nature produit les arbres dont nous utilisons ensuite le bois comme matière première, l’artisan fabrique une table. Il ne fait alors que poursuivre et mener à son terme ce que la nature a commencé. « L’art achève la nature », affirme Aristote (384-322 av. J.-C.), qui privilégie l’exemple du sculpteur : la nature nous offre le marbre dont le tailleur de pierre va extraire un bloc de la carrière où il a été découvert, avant que le sculpteur ne dégage du bloc, avec son ciseau, la statue d’Aphrodite. Celle-ci est « en puissance » dans le bloc de marbre, et l’artisan-artiste parachève par son geste ce que la nature a commencé à produire. L’art est technè, mot grec qui s’applique aussi bien aux productions artisanales qu’aux œuvres artistiques.

Mais cette argumentation ne nous fait-elle pas manquer ce qu’a de spécifique la création artistique ? En se démarquant de son maître Platon (428-348 av. J.-C.), Aristote rend sans doute compte de ce qui unit l’artiste et l’artisan, mais néglige excessivement ce qui les distingue.

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Écrit par

  • : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires

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