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ART (notions de base)

Mort ou renaissance ?

Un autre facteur pourrait bien conduire à la mort de l’art : c’est la reproductibilité des œuvres. De la Renaissance à nos jours, c’est dans leur unicité que semblait résider la valeur inestimable des grandes créations. Que devient cette valeur quand des moyens techniques de plus en plus performants permettent une reproduction illimitée des œuvres ? Aux œuvres uniques n’existant qu’ici et maintenant, les technologies contemporaines substituent des objets infiniment reproductibles conduisant inévitablement à réduire la distance qui séparait les œuvres esthétiques des objets techniques. Lorsqu’un film est reproduit en des milliers de copies et que des millions de spectateurs peuvent le visionner simultanément en de multiples lieux, comment conserver au film le statut que revêt une peinture de la Renaissance qui exige qu’on se déplace au musée des Offices de Florence pour la contempler ? Dans son essai L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée (1935), Walter Benjamin (1892-1940), avec beaucoup d’avance sur ses contemporains, perçoit la révolution qui se prépare. Si le film est bien « l’exemple d’une forme d’art dont le caractère est pour la première fois intégralement déterminé par sa reproductibilité », Benjamin pressent que cette propriété va s’étendre à toutes les autres formes. N’est-ce pas cette capacité de reproductibilité infinie que propose aujourd’hui Internet ? 

Une réponse des artistes consistera à prendre les devants en produisant eux-mêmes, sans attendre que d’autres se chargent du travail de reproduction, des séries d’œuvres construites pour ainsi dire « à la chaîne » : la sérigraphie des portraits de Marilyn Monroe peinte par Andy Warhol (1928-1987) en représente le modèle.

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Écrit par

  • : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires

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