ART NOUVEAU
La diffusion de l'Art nouveau
Les moyens de diffusion
L'Art nouveau s'est diffusé très rapidement dans le monde grâce aux revues illustrées de photographies et aux expositions. En 1893 paraît à Londres The Studio qui affichait la devise « Use and Beauty » : elle contribua puissamment à faire connaître les Arts and Crafts. D'autres revues suivirent, comme Dekorative Kunst et sa version française L'Art décoratif, Art et décoration, Innen Dekoration, Deutsche Kunst und Dekoration, Jugend en Allemagne, Ver Sacrum à Vienne, Volné Směry à Prague, L'Arte decorativa moderna à Turin.
L' affiche illustrée est un puissant moyen de diffusion ; son essor correspond à l'épanouissement de l'Art nouveau. La carrière d'Alfons Mucha est lancée par ses affiches pour l'actrice Sarah Bernhardt. Au faîte de sa gloire, Mucha ouvre un cours de composition d'art décoratif et publie en 1902 des Documents décoratifs. Les parures élaborées que portent ses personnages féminins incitent le joaillier Fouquet à lui commander des dessins de bijoux.
Les grandes expositions universelles, comme celle de Paris en 1900, contribuaient à répandre les modes : à côté de sections consacrées aux produits de l'industrie ou de l'agriculture, à la présentation de nouvelles technologies, une place était réservée aux expositions d'art et d'arts appliqués : la Salle viennoise de J. M. Olbrich ou celle de l'École des arts décoratifs de Vienne démontraient le renouveau des arts décoratifs autrichiens. Les pavillons des différents pays étaient rarement novateurs : ils évoquaient de préférence des formes d'architecture traditionnelle ou pastichaient des monuments fameux. L'Art nouveau constitua souvent une forme d'expression de révolte. À Prague, la Maison municipale (1903-1912) de Osvald Polívka et Antonin Balšánek, décorée par les plus grands artistes tchèques de l'époque, témoignait d'une volonté de s'approprier un style symbolisant la modernité et l'émancipation. À Paris, le Pavillon finlandais fit grande impression parce qu'il était l'expression authentique d'une nation qui cherchait à s'affranchir du joug russe. L'évocation de vieilles légendes finnoises, le répertoire animalier, les emprunts à l'architecture ancienne de la Carélie, le mobilier rustique de A. Gallen provoquèrent une sensation de fraîcheur nouvelle.
Depuis le début des années 1890, il était fréquent que les salons artistiques accueillent des objets d'art, mais il n'existait pas de manifestation spécifique. L'exposition de Darmstadt en 1901, Ein Dokument deutscher Kunst, ouvre la voie des expositions totalement consacrées aux arts décoratifs. En 1902, la ville de Turin organise la première exposition internationale des arts décoratifs modernes, qui apparut comme un chant du cygne du premier Art nouveau. Par contre Darmstadt, forte de l'expérience de la Colonie des artistes, illustrait la volonté réformatrice des créateurs allemands. Ceux-ci s'étaient regroupés très tôt dans des associations comme les Vereignigte Werkstätten für Kunst im Handwerk (Munich, 1897) ou les Dresdener Werkstätten für Handwerkskunst (Dresde, 1898). Ils souhaitaient rompre avec le caractère artistique recherché précédemment dans l'aménagement de l'habitation et qui aboutissait à un individualisme désordonné. L'architecture et les arts décoratifs doivent alors répondre à des critères de clarté, de simplicité, de naturel. L'époque où l'artiste touchait à tous les domaines de l'art industriel est révolue. L'avenir est à la professionnalisation. En 1906, Richard Riemerschmid présente à la troisième exposition d'art industriel allemand du mobilier démontable fabriqué par des machines (Maschinenmöbel-Programm[...]
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Écrit par
- Françoise AUBRY : conservateur du musée Horta, Bruxelles, Belgique
Classification
Médias
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