OTTONIEN ART
Orfèvrerie et arts mineurs
Dans le domaine de l'orfèvrerie, l'art ottonien a produit des œuvres qui comptent parmi les témoignages les plus éclatants du Moyen Âge. Aujourd'hui encore, les trésors des églises de Quedlinburg et d'Hildesheim, d'Essen, d'Aix-la-Chapelle et de Trèves, de Bamberg et de Ratisbonne ainsi que les merveilles du trésor impérial conservé à la Hofburg de Vienne en apportent la preuve. Les croix, les reliquaires, les parements d'autel, les autels portatifs et les reliures démontrent une technique magistrale de la gravure, du repoussé, de la niellure et de l'opus interrasile alliés au filigrane, à l'émail et aux pierres précieuses supportées par de magnifiques montures ouvragées. Parmi les œuvres les plus anciennes figurent les croix en or qui furent exécutées pour la petite-fille d'Otton Ier, l'abbesse Mathilde d'Essen, puis la « croix de Lothaire » à Aix-la-Chapelle (vers l'an mille), la croix de Gisèle à Munich et, enfin, vers 1030, la croix impériale (trésor impérial, Vienne) qui était destinée à contenir les grandes reliques du trésor. Parmi les reliures se distinguent surtout celle qui fut exécutée à Trèves pour l'impératrice Théophano et Otton III (Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg) et aussi les reliures des livres qui furent offerts à la cathédrale de Bamberg par Henri II. L' autel portatif de Trèves dit de Saint-André, celui de Henri II provenant de Ratisbonne (Schatzkammer, Munich), qui servait également de staurothèque, et l'autel de Gertrude du trésor des guelfes (aujourd'hui à Cleveland) occupent une place au moins aussi importante parmi les œuvres créées dans les ateliers ottoniens. Certains insignes impériaux ont été également conservés, notamment à Vienne la couronne des souverains ottoniens avec l'arceau ajouté par Conrad II (1024-1036) et à Berlin la parure dite de Gisèle, ensemble de bijoux ayant appartenu aux impératrices ottoniennes. Mais le sommet de l'orfèvrerie ottonienne est atteint avec les deux grands parements d'autel en or des cathédrales d'Aix-la-Chapelle et de Bâle (ce dernier au musée de Cluny, Paris) ; au centre du premier figure un Christ en majesté qu'entoure un cycle de scènes du Nouveau Testament ; le second montre des personnages debout à côté du Christ sous une série de cinq arcades et, aux pieds du Christ, Henri II et sa femme Cunégonde. Outre les pièces d'orfèvrerie, des plaques d' ivoire sont employées pour la décoration de certains objets liturgiques et de reliures. Dans ce domaine, les écoles et les groupes se différencient plus nettement les uns des autres que dans le domaine de l'orfèvrerie. La production la plus ancienne consiste en un certain nombre de plaques représentant des scènes du Nouveau Testament ; ces plaques, destinées à la cathédrale de Magdebourg, sont maintenant dispersées dans différents musées. On admet généralement qu'elles furent exécutées à Milan, car elles offrent des ressemblances évidentes avec certaines œuvres dont le lieu d'origine est sans conteste cette ville ; en particulier un seau liturgique portant le nom de Gotfredus, archevêque milanais ; un deuxième seau liturgique est lié au nom d'Otton et un troisième, à la cathédrale d'Aix-la-Chapelle, doit dater déjà d'une époque plus tardive. Face au style graphique de ce premier groupe, le « Maître de Trèves », auteur de la Crucifixion du Germanisches Nationalmuseum (Nuremberg), apparaît comme un des plus grands artistes de la fin du xe siècle avec un style extraordinairement expressif et réaliste. À côté de Trèves, on peut citer Metz comme centre de l'ivoirerie avec des scènes à figures nombreuses qui rattachent ces œuvres à leur passé carolingien (plaque d'Adalberon, à Metz). L'école de Liège a également son importance.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Florentine MÜTHERICH : docteur, professeur
Classification
Média
Autres références
-
AUGSBOURG CATHÉDRALE D'
- Écrit par Louis GRODECKI
- 284 mots
-
BAMBERG
- Écrit par Éliane VERGNOLLE
- 701 mots
- 1 média
Mentionnée dès le xe siècle, la ville de Bamberg (aujourd'hui en Bavière) ne fit cependant sa véritable apparition dans l'histoire qu'au début du xie siècle, sur l'initiative de l'empereur ottonien Henri II, qui entreprit d'en faire une nouvelle capitale. Il y créa un évéché...
-
BIJOUX
- Écrit par Sophie BARATTE , Encyclopædia Universalis , Catherine METZGER , Évelyne POSSÉMÉ , Elisabeth TABURET-DELAHAYE et Christiane ZIEGLER
- 6 083 mots
- 7 médias
Dans la partie orientale de l'ancien empire carolingien,les souverains ottoniens (936-1024) puis saliens (1024-1125) se veulent les successeurs des empereurs carolingiens. Quelques parures précieuses exécutées à leur demande sont conservées, comme la Couronne du Saint Empire (Schatzkammer, Vienne),... -
ÉMAUX
- Écrit par Marie-Madeleine GAUTHIER
- 4 384 mots
- 1 média
...enluminure (staurothèque faite à Constantinople entre 948 et 959, emportée par les croisés à Limbourg sur la Lahn en 1204) ; dans l'Empire ottonien apparaissent simultanément des ateliers mettant en œuvre les mêmes procédés d'exécution au service d'une esthétique voisine et dans des styles... - Afficher les 14 références