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PALÉOCHRÉTIEN ART

Le développement de l'architecture chrétienne et de son décor

Les progrès de la christianisation et de l'organisation ecclésiastique, à partir du ive siècle, entraînent la multiplication des constructions religieuses. Rome (Saint-Pierre, Saint-Paul-hors-les-Murs, Saint-Jean-de-Latran, Saint-Laurent), Constantinople et les Lieux saints bénéficient d'une nouvelle forme de l'évergétisme impérial, favorisant dorénavant l'Église : de grands martyria sont édifiés, dont l'architecture inspirée des basiliques civiles et des salles de réception auliques (plans basilicaux, avec le plus souvent une abside à l'est et l'entrée située sur le petit côté opposé, et éventuellement un transept) ou de l'architecture funéraire ou thermale romaine (plans centrés) s'adapte aux besoins de la liturgie chrétienne. En version plus modeste, ce sont les mêmes thèmes architecturaux qui se retrouvent dans les nombreux édifices construits au cours du ive siècle pour la liturgie régulière ou le culte des martyrs, qui prend alors un essor considérable (pour la seule Italie, les vestiges d'une vingtaine de cathédrales datant du ive siècle, dont neuf dotées d'un baptistère, sont archéologiquement connues ; et ce n'est sans doute qu'une petite part des constructions, puisque à la fin du ive siècle on compte cinquante-quatre sièges épiscopaux en Italie, dont trente-deux attestés avant le milieu du siècle). Aux siècles suivants, l'adaptation de plus en plus parfaite aux exigences spécifiques du culte et des institutions chrétiennes (églises affectées à la synaxe régulière : l'ensemble des réunions de la communauté ; baptistères, églises de pèlerinage, monastères) va transformer les types hérités de l'architecture profane et religieuse païenne jusqu'à créer une architecture chrétienne originale, qui présente néanmoins souvent des caractéristiques régionales, et dont la plus ou moins grande complexité reflète la richesse des commanditaires (Saint-Vital de Ravenne, Sainte-Sophie de Constantinople, ou encore le martyrium de Qalat-Seman, en Syrie du Nord). Dans l'art comme dans les autres domaines de la culture, le christianisme ne s'oppose ni même se surimpose, mais agit plutôt comme une force de transformation intérieure, réalisant cette conversio des structures dans lesquelles il s'« incarne », et qu'appellent les prédicateurs contemporains.

Du décor des grandes basiliques construites grâce à l'évergétisme des princes, on ne sait plus grand-chose. Mais le décor d'édifices plus tardifs (la basilique de Saint-Félix à Cimitile, aménagée par Paulin de Nole au tout début du ve siècle ; à Rome, Sainte-Pudentienne au début du ve siècle et Sainte-Marie-Majeure, vers 430) donne une idée de la richesse et de la complexité de l' iconographie chrétienne, qui conjugue triomphalement les épisodes de l'histoire du salut et des images plus « synthétiques » (le Christ trônant au milieu du collège apostolique, la remise de la Loi à Pierre, l'agneau surmonté d'une croix, juché triomphalement sur le rocher dont s'écoulent les quatre fleuves du Paradis). Elle illustre une histoire sainte qui tend d'autant plus à se confondre avec celle de l'Empire chrétien, que nombre de formules sont empruntées à l'art impérial (pourpre du manteau du Christ, représentations du trône céleste, etc.). Mais ces nouveaux sujets n'entraînent pas la disparition des motifs ni même des thèmes qui décoraient depuis des décennies, voire parfois des siècles, l'architecture profane ou religieuse antique : ainsi, le pavement de la basilique sud du groupe cathédral d'Aquilée (vers 360), financé grâce à la générosité des fidèles, représente-t-il l'histoire de Jonas dans un décor nilotique peuplé d'amours pêcheurs. Peut-on dire[...]

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<it>Cubiculum de la Velatio</it>, catacombe de Priscille - crédits : V. Pirozzi/ De Agostini/ Getty Images

Cubiculum de la Velatio, catacombe de Priscille

Mosaïques de Ravenne - crédits :  Bridgeman Images

Mosaïques de Ravenne

Justinien et l'archevêque Maximien - crédits :  Bridgeman Images

Justinien et l'archevêque Maximien

Autres références

  • AMBON

    • Écrit par
    • 194 mots

    Nom donné, dans l'art paléochrétien, à la chaire du haut de laquelle sont lus les textes sacrés ou prononcés les sermons. De formes diverses, l'ambon peut être isolé dans la nef principale de l'édifice ou bien faire partie d'un chancel situé devant l'abside ; dans ce...

  • ARAGON

    • Écrit par , et
    • 8 652 mots
    • 6 médias
    C'est dans le cadre de l'évolution du Bas-Empire que se produisirent les premières manifestations de l'art paléochrétien. Une église funéraire apparaît ainsi dans une annexe de la grande villa Fortunatus de Fraga. On suit l'adaptation de l'esprit chrétien aux traditions plastiques romaines dans...
  • ARMÉNIE

    • Écrit par , , , , , , et
    • 23 765 mots
    • 13 médias
    Les plus anciens édifices connus à ce jour sont des basiliques voûtées, le plus souvent à trois nefs : dans les uns, de type « oriental », un toit à deux versants recouvre les trois nefs, comme à K'asagh, dans d'autres, de type « hellénistique », la nef centrale s'élève sensiblement plus haut que les...
  • BASILIQUE

    • Écrit par
    • 2 593 mots
    • 3 médias
    ...une maison de Doura-Europos, sur l'Euphrate, dont l'aménagement cultuel et communautaire remonte aux années 230 après J.-C. L'autre est structurelle : dans les basiliques paléochrétiennes, le plan centré et le schéma périégétique de la basilique judiciaire disparaissent au profit d'une organisation processionnelle...
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