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PALÉOCHRÉTIEN ART

Archéologie paléochrétienne

Depuis les années 1970, les découvertes archéologiques, les recherches faites pour constituer des séries d'objets et étudier leur diffusion, la juste pondération des analyses stylistiques par l'étude des techniques et des conditions de fabrication, le souci, enfin, de ne pas surinterpréter par un symbolisme religieux exacerbé l'iconographie héritée du paganisme conduisent peu à peu à réviser la notion d'« art paléochrétien ». Cette dernière expression est contestable dans ses deux termes. D'une part, pour comprendre la société de cette époque, il importe d'embrasser toutes les formes de culture matérielle et de ne plus envisager que les seules « œuvres d'arts ». Par ailleurs, le terme « paléochrétien » a une connotation trop religieuse, qui était plus ou moins justifiée lorsqu'on se préoccupait essentiellement de fouilles d'églises (parfois même en négligeant leurs annexes), mais qui ne paraît pas adéquate lorsqu'on entend se livrer à une investigation complète et méthodique de toutes les traces accessibles par l'archéologie. Aussi la notion d'« antiquité tardive » mise en avant par H. I. Marrou dans son dernier ouvrage, Décadence romaine, ou Antiquité tardive, IIIe-VIe siècle (1977), paraît-elle préférable.

De fait, une réflexion sur l'habitat et les objets met en évidence, comme nous le montrerons, deux faits saillants. Le premier est la continuité manifeste entre l'époque hellénistico-romaine et la période qui nous intéresse : continuité créatrice et féconde dans l'urbanisme, dans l'architecture (les églises sont elles aussi à leur manière dépositaires d'un héritage architectural composite), comme dans les techniques artisanales, de la céramique à l'orfèvrerie en passant par les mosaïques ou les peintures murales. Le second est l'émergence autour de Constantinople – qui est beaucoup plus qu'une copie de Rome et qui réoriente à son profit les grands axes commerciaux du monde méditerranéen et de l'Orient – d'une civilisation prospère jusqu'au viie siècle, profondément urbanisée, où subsistent un État remarquablement organisé et une économie monétarisée ; en Occident, au contraire, l'Empire romain sombre au ve siècle laissant ainsi très tôt la place à une civilisation nouvelle, tâtonnante, complexe, qu'on est convenu d'appeler le Moyen Âge.

Archéologie et urbanisme

Antiquité tardive - crédits : Encyclopædia Universalis France

Antiquité tardive

Beaucoup d'historiens ont, par le passé, considéré que la crise du iiie siècle après J.-C. mettait fin au système de la ville antique, souvent perçue comme un modèle abstrait. Sans doute, dans le cadre de l'Antiquité tardive (iiie-viie s.), des modifications se produisent-elles dans la notion même de polis et ont-elles des répercussions dans la distribution de certains espaces ou dans l'existence de certains bâtiments. Sans doute aussi l'expansion du christianisme provoque-t-elle d'autres séries de bouleversements de l'espace urbain. Mais les données de l'archéologie permettent d'affirmer qu'une certaine civilisation de la cité a brillé parfois avec un éclat exceptionnel dans beaucoup de régions durant encore plus de trois cents ans. Certes, tous les problèmes de ce passage de la cité antique à la ville médiévale ne sont pas encore totalement résolus. On entrevoit toutefois qu'il n'y a pas de réponse unique, mais une « image éclatée » qui varie beaucoup suivant les régions et les moments. Disons pour simplifier que les villes de la Pars Orientis ont connu une stabilité et une prospérité plus durables que celles de la Pars Occidentis. Mais les découvertes archéologiques faites depuis les années 1970 permettent de nuancer cette opposition grossière et de définir des aires de prospérité urbaine (carte) : outre[...]

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<it>Cubiculum de la Velatio</it>, catacombe de Priscille - crédits : V. Pirozzi/ De Agostini/ Getty Images

Cubiculum de la Velatio, catacombe de Priscille

Mosaïques de Ravenne - crédits :  Bridgeman Images

Mosaïques de Ravenne

Justinien et l'archevêque Maximien - crédits :  Bridgeman Images

Justinien et l'archevêque Maximien

Autres références

  • AMBON

    • Écrit par
    • 194 mots

    Nom donné, dans l'art paléochrétien, à la chaire du haut de laquelle sont lus les textes sacrés ou prononcés les sermons. De formes diverses, l'ambon peut être isolé dans la nef principale de l'édifice ou bien faire partie d'un chancel situé devant l'abside ; dans ce...

  • ARAGON

    • Écrit par , et
    • 8 652 mots
    • 6 médias
    C'est dans le cadre de l'évolution du Bas-Empire que se produisirent les premières manifestations de l'art paléochrétien. Une église funéraire apparaît ainsi dans une annexe de la grande villa Fortunatus de Fraga. On suit l'adaptation de l'esprit chrétien aux traditions plastiques romaines dans...
  • ARMÉNIE

    • Écrit par , , , , , , et
    • 23 765 mots
    • 13 médias
    Les plus anciens édifices connus à ce jour sont des basiliques voûtées, le plus souvent à trois nefs : dans les uns, de type « oriental », un toit à deux versants recouvre les trois nefs, comme à K'asagh, dans d'autres, de type « hellénistique », la nef centrale s'élève sensiblement plus haut que les...
  • BASILIQUE

    • Écrit par
    • 2 593 mots
    • 3 médias
    ...une maison de Doura-Europos, sur l'Euphrate, dont l'aménagement cultuel et communautaire remonte aux années 230 après J.-C. L'autre est structurelle : dans les basiliques paléochrétiennes, le plan centré et le schéma périégétique de la basilique judiciaire disparaissent au profit d'une organisation processionnelle...
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