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PLATERESQUE ART

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On doit voir dans le style plateresque une manière d'art national espagnol, dont l'originalité apparaît avec une particulière netteté par rapport à l'Escorial, qui lui sert en quelque sorte de repoussoir. La dénomination, qui semble impliquer une référence à l'orfèvrerie (platería), ne doit pas faire illusion, car le style plateresque n'a rien emprunté à l'art du métal : il combine avec une très grande liberté des éléments décoratifs d'origine très diverse, puisqu'on y décèle aussi bien une tradition gothique que des emprunts à la Renaissance italienne, sans compter les influences mudéjares plus ou moins puissantes ; le tout traité avec une fougue et un brio souvent synonymes d'exubérance. Toute une pléiade de talents illustre cet aspect original de la Renaissance en Espagne. Ils travaillèrent au service de l'Église et des grands, et ils élevèrent les monuments les plus divers, églises et palais, mais aussi hôpitaux et collèges universitaires.

Le premier plateresque, qui est le plus libre, voit le triomphe du décor sur des structures qui demeurent fréquemment gothiques. Il est notamment illustré par Enrique Egas, l'architecte des Rois Catholiques et par Juan de Álava, dont l'œuvre la plus marquante est le couvent de San Esteban, à Salamanque. Il prit un aspect très original à Tolède, à l'époque du cardinal Jiménez de Cisneros (1495-1517). Son architecte favori, Pedro Gumiel, développa un style au fort accent mudéjar dans l'université d'Alcalá de Henares.

Néanmoins, dès que Diego de Siloé eut remplacé Egas sur le chantier de la cathédrale de Grenade, l'influence de l'Italie se fit plus précise et plus insistante, car elle toucha désormais aux structures elles-mêmes. Ainsi commence un second plateresque, qui accorde une grande importance aux ordres architecturaux. Toute liberté n'est cependant pas bannie des créations de Rodrigo Gil de Hontañón, l'auteur du palais Monterrey, à Salamanque, et de la façade de l'université d'Alcalá de Henares. Un accent fortement hispanique se retrouve dans l'œuvre d'Alonso de Covarrubias. C'est contre cette liberté, aisément qualifiée de licence, que réagira Philippe II. Il favorisera la carrière d'artistes imbus des principes d'une Renaissance puriste et sévère.

— Marcel DURLIAT

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail

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