POPULAIRE ART
Problématique de l'art populaire
Multiples et variées sont les questions qu'érudits et amateurs, archéologues et sociologues se posent au sujet des faits d'art populaire. Un traitement ethnologique permet de les rassembler en trois groupes de problèmes, concernant respectivement les genres, la structure du système des œuvres, l'activité créatrice.
Les genres populaires
Plus la collecte ethnographique est précise, mieux on s'aperçoit que les œuvres de la littérature, de la musique et de la danse populaires sont produites selon un petit nombre de genres bien définis : si des répertoires comme ceux de A. Aarne et S. Thompson sont possibles, c'est parce que les motifs qu'ils appréhendent sont en nombre fini. Un premier groupe de problèmes pour les disciplines qui étudient les arts et les traditions populaires consiste alors à discerner les genres en usage, à en dresser l'inventaire, à en suivre la répartition dans l'espace et dans le temps. Et ce qui vaut pour la littérature, la musique et la danse vaut aussi bien pour les autres domaines : en chaque culture, il n'y a qu'un nombre déterminé, généralement petit, de genres de costumes, de maisons, de cérémonies, discriminés et identifiés comme tels par les acteurs sociaux eux-mêmes. Repérage et classification des genres sont ainsi les opérations préliminaires à toute interrogation sur la transmission et la novation, à toute interprétation des spécimens collectés en des points et en des dates donnés, et des relations que ces spécimens entretiennent les uns avec les autres.
La structure du système des œuvres
Pièces de poterie et outils agricoles, morceaux de musique, coutumes et croyances sont en effet à comprendre non seulement d'après les genres qui les définissent dans la culture considérée, mais d'après les rapports qu'ils ont entre eux. Plusieurs types de systèmes sont alors à distinguer : système écologique, relatif aux ensembles d'objets localisés en de mêmes lieux, comme une maison d'habitation, un atelier, une église, ou un village ; système typologique, relatif aux différences significatives entre objets quant aux matières, aux techniques de fabrication et aux techniques d'utilisation, système sémantique, relatif aux sens visés dans les dénominations, identifiant ou différenciant les objets selon les appellations. Chacun de ces systèmes est articulé lui-même en de nombreux sous-systèmes, en affinités structurales plus ou moins étroites les uns avec les autres : les différences significatives pour les techniques de la poterie ne sont pas les mêmes que pour les techniques de la métallurgie ; mais la conduite du feu dans les fours détermine des homologies entre les systèmes de fabrication respectifs. Dégager la structure enveloppée dans ces différents systèmes, tel est le problème majeur de l'analyse des œuvres.
L'activité créatrice
Le système des œuvres n'est lui-même que le produit d'une activité réglée. L'une des questions les plus controversées que soulève l'examen des œuvres populaires est d'évaluer dans quelle mesure l'activité de production se résume en l'imitation de modèles, la répétition de gestes, la perpétuation de traditions ; dans quelle mesure, au contraire, elle est innovation, invention, voire création. Ainsi posée, la question simplifie si grossièrement le problème que les solutions couramment apportées ne peuvent être que verbales. Que l'on examine en effet la production d'une poterie au tour artisanal, la fabrication en série d'outils de fer forgés au martinet, ou l'éxécution des figures de la java au son de l'accordéon, les performances de l'artisan, de l'ouvrier ou du danseur s'inscrivent dans un jeu où les fins, les buts et les normes laissent toujours place à une certaine initiative. L'analyse fine des rôles sociaux, des tâches professionnelles et des postes de travail, la description[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean CUISENIER : conservateur en chef du musée des Arts et Traditions populaires, directeur de recherche au C.N.R.S.
Classification
Médias
Autres références
-
AFRIQUE NOIRE (Arts) - Aires et styles
- Écrit par Claire BOULLIER , Geneviève CALAME-GRIAULE , Michèle COQUET , Encyclopædia Universalis et François NEYT
- 15 151 mots
- 2 médias
...période de relative oisiveté. En zone forestière, le mil fait place aux tubercules comme l'igname et l'année n'est plus ponctuée par une morte-saison. Ces agriculteurs ont produit et fabriquent toujours une statuaire en bois ou en alliage cuivreux, ainsi que de nombreux autres objets destinés tant à... -
ART URBAIN
- Écrit par Stéphanie LEMOINE
- 2 727 mots
- 4 médias
S'il est d'abord le fait d'une poignée d'artistes en rupture, c'est par son versant populaire que l'art urbain accédera au rang de véritable culture. À la toute fin des années 1960, émerge en effet sur la côte est des États-Unis un mouvement esthétique promis à une diffusion internationale : le ... -
CARNAVAL
- Écrit par Annie SIDRO
- 6 168 mots
- 1 média
...souvent ce sont des rois et reines du carnaval en carton-pâte qui règnent sur les cortèges, composés de chars ou de grosses têtes réalisés avec des matériaux éphémères et peu coûteux.Ils permettent la réalisation d'œuvres gigantesques qui sont pour quelques-unes des chefs-d'œuvre d'art populaire. -
CHÉRI SAMBA (1956- )
- Écrit par André MAGNIN
- 814 mots
Le Congolais Chéri Samba est né, en 1956, à Kinto M'Vuila au Congo belge (aujourd'hui République démocratique du Congo). Il interrompt ses études secondaires en 1972, classé « 100 % meilleur dessinateur ». Il s'installe alors à Kinshasa sur l'avenue Kasa-Vubu comme peintre d'enseignes publicitaires...
- Afficher les 26 références