Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RESTAURATION (art contemporain)

Une nouvelle approche de la documentation

Les bases de données de gestion des collections artistiques contemporaines reposent sur un modèle descriptif fondé sur l'œuvre comme objet physique, emprunté aux beaux-arts traditionnels. En art contemporain, l'énoncé des matériaux, techniques et dimensions se traduit fréquemment par les mentions « matériaux divers », « techniques mixtes », « dimensions variables » plus fantaisistes que réellement éclairantes. En cas d'étude plus approfondie, l'analyse chimique et l'imagerie scientifique viennent renforcer et compléter cette approche de l'œuvre à partir de ses matériaux. Cette approche matiériste s'avère inadaptée dès lors que l'on se trouve confronté à des œuvres intégrant des matériaux ou des matériels susceptibles d'être remplacés et renouvelés à chaque exposition. Sont concernés au premier chef les matériaux périssables, comme une salade verte pour une œuvre de Giovanni Anselmo (Sans titre, 1968, Centre Georges-Pompidou) ou de la viande rouge pour une œuvre de Jana Sterbak (Vanitas : robe de chair pour albinos anorexique, 1987, Centre Georges-Pompidou). Les fournitures ou appareils de consommation courante produits industriellement peuvent également être nécessaires au fonctionnement des œuvres : les sources lumineuses (l'ampoule à incandescence centrale dans l'œuvre de Christian Boltanski, le tube fluorescent omniprésent chez Dan Flavin) ou le matériel audiovisuel (projecteurs de diapositives, projecteurs vidéo, moniteurs, lecteurs CD et DVD, écrans, etc.)

Depuis les années 2000, les professionnels de la conservation-restauration revendiquent une évolution des pratiques en matière de documentation de l'art contemporain qui a pris notamment la forme de banques de données de matériaux, de questionnaires ou d'interviews, destinés à rendre compte de l'intention de l'artiste. Cette documentation tend à une augmentation significative de la production d'images et de documents audiovisuels (photographies numériques, entretiens enregistrés ou filmés) qui requièrent à leur tour d'être correctement identifiés, analysés et indexés. Face à la variabilité et à la mutabilité des œuvres contemporaines, le groupe art contemporain du Centre de recherche et de restauration des musées de France préconise une approche fondée sur la perception, soit l'effet produit sur le spectateur. Cette approche consiste à identifier des éléments perceptifs invariants, quels que soient les changements technologiques qu'une œuvre est amenée à subir, et s'apparente ainsi à une forme de modélisation. Il s'agit, par exemple, de décrire la nature de la lumière produite par une source lumineuse indépendamment du système d'éclairage utilisé.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeure d'histoire de l'art, cursus conservation-restauration des œuvres sculptées à l'École supérieure des beaux-arts de Tours
  • : conservatrice du patrimoine, chargée de l'art contemporain, Centre de recherche et de restauration des musées de France

Classification