RUPESTRE ART
La période cameline
Vers 700 avant J.-C., le cheval apparaît dans l'art du Sahara central, d'abord attelé à des chars. Les personnages – appelés Caballins – sont figurés en aplat ocre, selon un modèle très schématique : un corps presque bitriangulaire et une tête en bâtonnet. Les peintures contiennent des scènes de combat, de chasse, de campement, ou des courses de chars. Dans les gravures, notamment dans l'Aïr et l'Adrar des Iforas, prolifère une forme stéréotypée et très schématique : le « guerrier libyen ». Présenté de face, il tient des javelots d'une main et un petit cheval de l'autre. Vers 200-300 avant J.-C., le chameau est introduit dans les représentations. Puis l'Aride s'intensifie, les populations migrent, traditions artistiques et croyances se perdent. On note un appauvrissement certain des techniques, des styles et des thèmes : c'est la période « cameline ».
Au Sahara oriental, les ensembles reflètent un autre monde que celui du Sahara central : ils témoignent d'une fragmentation déjà ancienne des populations, aussi bien entre une Afrique noire et une Afrique blanche qu'entre les groupes linguistiques nilosahariens et afro-asiatiques. Au Tibesti, dans l'Ennedi et à Uweinat, les écoles d'âge récent prédominent. En Nubie abondent des gravures de style fruste, surtout de bovidés, mêlées à des compositions pharaoniques.
La diversité des écoles manifeste la variété des groupes sociaux et de leurs croyances. Nous constatons toutefois une tendance générale : le passage d'un âge d'or, avec des styles naturalistes, à une décadence, qui s'achève dans les expressions schématiques simplistes des graffiti de la période cameline. Les termes âge d'or, décadence et simplistes renvoient aux valeurs de notre culture occidentale : pouvons-nous juger ainsi, à son aune, les œuvres d'une culture étrangère ? Pouvons-nous surtout, depuis notre culture, lire le sens inscrit dans l'œuvre par l'artiste néolithique ? Nous percevons intuitivement, confusément, que de nombreuses scènes disent le mythe, dans un langage symbolique.
Mais la tradition sacrée s'est perdue : comment la retrouver ? Une théorie élaborée au cours des années 1960 avait prétendu interpréter les fresques tassiliennes d'après les croyances et les rituels des Peuls actuels. On proposa une telle lecture pour quelques fresques, puis cette théorie tourna court, aucun chercheur n'ayant depuis lors tenté de l'utiliser. Plus généralement, c'est tout essai de comparatisme ethnographique qui est maintenant regardé avec suspicion.
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Écrit par
- Alfred MUZZOLINI
: ingénieur géologue à l'Institut géographique national, docteur en préhistoire, rédacteur en chef de la revue
Sahara
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