RUPESTRE ART
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Entre réalisme et symbolisme
On ne peut cependant affirmer a priori que toute représentation de l'art rupestre saharien est symbolique. De nombreuses compositions paraissent relever d'un sens premier facile à appréhender. Et même si un sens second, symbolique, existe, il n'interdit pas que les scènes pastorales, ou de la vie des campements, les scènes de chasse, ou de course de chars, puissent exprimer, dans une intention réaliste, la vie réelle des populations et constituer ainsi une information utilisable. La fonction de ces images était peut-être de marquer, dans un style propre à l'ethnie, le territoire social et les terrains de parcours, ou de magnifier un événement important de la vie du groupe ou les plus beaux taureaux. Une telle lecture au sens obvie est insuffisante pour les fresques des Têtes rondes – en fait peu nombreuses – ou pour certaines gravures bubalines telles celles représentant des hommes masqués. Mais la grande masse des figurations, notamment celles des périodes récentes, semble bien ne refléter qu'un monde déjà largement laïcisé.
Sauf en Nubie, les thèmes spécifiquement pharaoniques sont rigoureusement absents du Sahara. Égypte et Sahara semblent être, à l'Holocène récent, deux mondes désormais disjoints. Pourtant, on perçoit une certaine similitude fondamentale, une « africanitude », qui s'oppose aux mondes indo-européens de l'autre rive de la Méditerranée et s'exprime par quelques traits généraux communs : la profusion des animaux dans le répertoire, les dieux ou êtres mythiques à tête d'animal, les hommes masqués, la sacralisation du bélier, etc. Ces ressemblances suggèrent l'hypothèse d'un substrat commun très ancien, correspondant au bloc des populations afro-asiatiques, que la glossochronologie repère dès l'Holocène ancien. Ce substrat originel aurait été ensuite fragmenté par les vicissitudes climatiques. Les éléments symboliques affleurant dans les figurations sahariennes de la période ancienne ne seraient que les derniers feux d'une aurore commune à l'Égypte et au Sahara.
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Écrit par
- Alfred MUZZOLINI
: ingénieur géologue à l'Institut géographique national, docteur en préhistoire, rédacteur en chef de la revue
Sahara
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