- 1. Sacré-profane : une mise en perspective
- 2. Repères historiques
- 3. Un regard tourné vers le Moyen Âge
- 4. Maurice Denis et la théorisation de l'art religieux
- 5. Les principes esthétiques
- 6. Les femmes et l'art sacré
- 7. Quelques grands moments de l'entre-deux-guerres
- 8. Le tournant de 1945 et la « querelle de l'art sacré »
- 9. Visions nouvelles
- 10. Bibliographie
ART SACRÉ
Maurice Denis et la théorisation de l'art religieux
Le xxe siècle s'est ouvert, en France, sur la séparation des Églises et de l'État (1905), ce qui a ralenti les initiatives en matière d'art religieux pour deux décennies. Des artistes, évoluant le plus souvent au sein de groupes ou de mouvements divers, ont fait état d'une quête spirituelle, que plusieurs ont pensé retrouver dans l'art médiéval.
C'est le cas de Maurice Denis (1870-1943) qui se révèle un témoin privilégié de l'art sacré, en publiant dès 1890, des articles salués par Paul Valéry qui lui écrivait : « J'aime beaucoup que le peintre que vous êtes soit aussi l'écrivain qu'il est » (Lettres à quelques-uns). À deux reprises, ces articles furent repris dans des volumes au titre suggestif, Théories. 1890-1910. Du symbolisme et de Gauguin vers un nouvel ordre classique (1912) et Nouvelles Théories. Sur l'art moderne, sur l'art sacré, 1914-1921 (1922). Maurice Denis s'est impliqué dans l'art sacré non seulement par ses œuvres et ses écrits, mais en fondant en novembre 1919 à Paris, avec Georges Desvallières (1861-1950), l'un des principaux groupements d'artistes chrétiens, les Ateliers d'art sacré, dont le programme est nourri de ses réflexions sur l'art.
Le but était de faire renaître l'atelier médiéval que la Renaissance avait supprimé. Cette idée apparaît déjà dans les Notes sur la peinture religieuse (1896) : « Si Dieu m'avait donné de naître quelques siècles plus tôt, à Florence au temps de frère Savonarole, certainement j'aurais été de ceux qui défendaient, avec une ardeur puérile et violente, contre l'envahissement du paganisme classique, l'esthétique du Moyen Âge. [....] J'aurais conspué la Renaissance. » Ce retour à ce que l'on croyait être l'essence de l'art médiéval, Maurice Denis l'avait vécu dans le symbolisme, dont il donnait sa propre définition : « J'ai toujours attaché beaucoup d'importance à l'idée symboliste. C'était vraiment une lumière pour des esprits navrés de naturalisme, et en même temps trop épris de peinture pour donner dans les rêveries idéalistes. » Il y voyait « la tentative d'art la plus strictement scientifique. Ceux qui l'ont inaugurée étaient des paysagistes, des nature-mortistes, pas du tout des „peintres de l'âme“... C'étaient des esprits passionnés de vérité, vivant en communauté avec la nature, et je crois bien aussi, sans métaphysique. S'ils furent amenés à „déformer“, à composer, et finalement à inventer de surprenantes formules, c'est qu'ils voulurent se soumettre aux lois d'harmonie qui régissent les rapports des couleurs, les agencements des lignes (recherches de Georges Seurat, Émile Bernard, Camille Pissarro) ; mais c'est aussi pour apporter plus de sincérité dans le rendu de leurs sensations ». Ce texte bien antérieur à l'ouverture des Ateliers contient toutes les clés de l'esprit dans lequel le travail allait être mené. La peinture y était enseignée en même temps que la peinture sur verre, d'autres sections étant vouées à la sculpture, ainsi qu'à des formes artistiques plus directement liées au culte : broderie et chasublerie, gravure et imagerie – et l'ensemble mis au service des commandes nombreuses à partir de 1919.
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Écrit par
- Françoise PERROT : directeur de recherche au C.N.R.S.
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