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ADAMOV ARTHUR (1908-1970)

Auteur dramatique français d'origine russo-arménienne, Arthur Adamov a vécu une enfance entre deux mondes. Né à Kislovotsk (Caucase), il passe ses premières années à Bakou ; ses parents possèdent « une bonne partie des pétroles de la Caspienne ». Surprise en Allemagne par la déclaration de la Première Guerre mondiale, la famille se réfugie à Genève. La révolution d'Octobre et la guerre civile l'installent dans l'exil, définitivement. La Suisse, jusqu'en 1922, puis l'Allemagne « folle » de la République de Weimar ; en 1924, enfin, c'est l'établissement en France. De cette enfance déracinée Adamov garde plus d'une blessure : haine tenace à l'égard du père, joueur, lâche et menteur ; conscience maladive de la faute, due aux interdits sexuels d'une éducation puritaine, qui aboutira à l'impuissance et aux pratiques masochistes ; peur de la persécution et sensation aiguë de la condition d'étranger.

Un théâtre d'exil

L'adolescence littéraire d'Arthur Adamov se frotte aux avant-gardes. Paul Eluard, à qui il adresse ses premiers poèmes, lui fait côtoyer le groupe surréaliste, auquel il ne peut s'intégrer. Des rencontres et des amitiés décisives ont lieu : en 1928, Le Songe de Strindberg dans la mise en scène d'Antonin Artaud (il publiera un Strindberg en 1955) ; en 1935, Marthe Robert, qui lui fera découvrir Kafka et la psychanalyse ; en 1938, Roger Gilbert-Lecomte, dont la revue Le Grand Jeu l'avait impressionné. C'est cette année-là qu'il traduit Le Moi et l'inconscient de Jung et commence d'écrire « sérieusement » : premières confessions d'une conscience dramatique vivant intensément le sentiment de sa séparation, qui fait monter au jour ses angoisses secrètes, tentant par là de les vaincre. La rédaction de ces textes se poursuivra durant la guerre (Adamov est interné six mois au camp d'Argelès pour son hostilité avouée à Vichy), et leur parution (L'Aveu, 1946) sera saluée très haut par Artaud.

Dès lors, son écriture ne pourra plus être la même ; sortie du « no man's land pseudo-poétique », elle sera dramatique : mise en scène, mise sur scène des affres de la nuit, confrontées, d'abord timidement, et de plus en plus ouvertement, avec les angoisses de la vie du jour, de la vie sociale non dominée. Ses premières pièces (La Parodie, écrite en 1947 ; L'Invasion, 1949 ; La Grande et la Petite Manœuvre, 1950 ; Le Professeur Taranne, 1951 ; Tous contre tous, 1952 ; Le Sens de la marche, 1953 ; Les Retrouvailles, 1954) ont pu être rattachées au théâtre de l'absurde en compagnie des œuvres contemporaines de deux autres « exilés », Ionesco et Beckett. Sans doute expriment-elles une attitude analogue de distance dubitative vis-à-vis de toute société, mais les personnages d'Adamov se meuvent dans un monde matériel de plus en plus concret, dans un espace de moins en moins idéologique ou métaphysique ; s'il y a une évolution du dramaturge, on ne peut vraiment parler d'une coupure entre un Adamov « de l'absurde » et un Adamov « de l'engagement ». Ses contributions aux expériences du théâtre populaire de l'après-guerre lui ont fait rencontrer un autre public que celui des petites salles du quartier Latin : succès de son adaptation de La Mort de Danton de Büchner au deuxième festival d'Avignon (1948), travail avec Roger Planchon sur des adaptations de Kleist et de Marlowe (il traduit encore ou adapte pour la scène Rilke, Strindberg, Tchekhov, Dostoïevski, Gogol, Gontcharov, Gorki, Max Frisch).

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