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DANTO ARTHUR C. (1924-2013)

Arthur C. Danto est l’un des philosophes américains dont les travaux sur l’art ont bénéficié d’un très large écho en France et en Europe depuis la publication de son étude sur « Le monde de l’art » (1964). Né à Ann Arbor (Michigan), aux États-Unis, il a d’abord étudié l’art et l’histoire à Wayne University, puis à l’université Columbia de New York. En 1949 et 1950, il passe une année à Paris, à l’université de la Sorbonne, sous la direction de Maurice Merleau-Ponty, puis retourne à Columbia où il enseigne la philosophie de 1951 à 1992. Pendant de nombreuses années, à partir de 1984, il sera également le critique d’art attitré de The Nation, le journalClement Greenberg avait officié de 1942 à 1949. Dans son œuvre, Arthur Danto a su allier à sa connaissance de l’art et des milieux de l’art une clarté conceptuelle qu’il doit à son ancrage initial dans la philosophie analytique. À la différence des auteurs qui s’y sont notablement illustrés, de Nelson Goodman à des auteurs comme Gregory Curry ou Peter Kivy, Arthur Danto a toutefois puisé dans la philosophie « continentale » une inspiration originale, parfois proche de l’esprit et des démarches des penseurs européens.

Cette double inspiration s’illustre dans son « essentialisme » et son « historicisme ». Elle est présente dès ses premiers textes sur l’art, comme dans « Le Monde de l’art » (initialement publié dans le Journal of Philosophy, 1964) où il se tourne déjà vers une analyse des conditions permettant à une chose d’être élevée au statut d’œuvre d’art. De ce travail qu’il a lui-même qualifié d’« iconoclaste », Danto tira d’abord le « principe d’une déclaration d’indépendance de la philosophie de l’art à l’égard de l’esthétique ». Ce texte, faussement interprété comme annonçant les « théories institutionnelles de l’art », préfigurait surtout les voies dans lesquelles l’auteur allait s’engager avec La Transfiguration du banal (1981), livre qui prolonge ses analyses initiales en questionnant les distinctions impliquées dans une définition de l’art. En se centrant sur le pop art – et plus précisément sur l’œuvre d’Andy Warhol –, il aborde ces distinctions à partir du problème leibnizien des « indiscernables », que l’on pourrait énoncer comme suit : « deux entités égales sous tous les rapports sont-elles différentes ou bien constituent-elles une seule et même entité ? Appliquée aux BrilloBoxes, œuvre emblématique de Warhol, cette réflexion lui permet de soutenir le caractère décisif de l’interprétation, par opposition aux simples propriétés physiques et perceptuelles qui caractérisent n’importe quel objet.

Ce principe, qui fait de l’interprétation une véritable « procédure de transformation » confère toute sa portée à l’historicisme de Danto : une œuvre n’est pas une œuvre d’art à n’importe quel moment. Il lui permet de poser à nouveaux frais la question de l’histoire de l’art, de ses évolutions et de ses apparentes discontinuités. En ce sens, la réponse apportée au problème des indiscernables se prolonge dans une réinterprétation qui rapatrie l’art sur le terrain de la pensée et de la philosophie. Pour Danto, l’art renferme la question de ce qui le constituecomme art, mais il ne contient aucune réponse. La question est philosophique et la réponse ne peut être à son tour que philosophique. L’essence de l’art réside dans la pensée. Danto retrouve ainsi Hegel et l’idée d’une « fin de l’art », qu’il développera dans ses ouvrages ultérieurs à la lumière des conditions qui marquent l’art contemporain et la clôture de l’histoire. L’idée d’un art d’« après la fin de l’art » se conjugue dès lors à la description d’une situation qui a également nourri les thèmes postmodernistes et qui éclaire de manière originale les pratiques artistiques[...]

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    ...: sans l'inspiration du peintre certes, mais aussi sans la vente de pinceaux et l'accrochage des tableaux, il n'y aurait pas d'exposition de peinture. Arthur Danto utilise quant à lui la notion de monde de l'art pour montrer qu'« un objet n'est une œuvre d'art que grâce à une ...
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