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PIGOU ARTHUR CECIL (1877-1959)

Longtemps considéré comme le « maître de Cambridge », principalement entre 1920 et 1930, Arthur C. Pigou compte parmi les défenseurs des thèses économiques classiques pendant cette période. Il poursuit ses études à Harrow, puis au King's College de Cambridge, où il eut comme professeur A. Marshall. Il devait suivre les traces de son maître dans de nombreux domaines : il reprit sa chaire d'enseignement à Cambridge, il participa comme lui aux travaux d'importants comités gouvernementaux.

Bien que Pigou ait semblé attiré par la philosophie et la théologie (il fit paraître, en 1908, un ouvrage intitulé The Problem of Theism), il a surtout laissé une importante œuvre économique. Mais ses orientations éthiques sous-tendent l'ensemble de ses recherches. Si Pigou fut avant tout un théoricien de l'économie, il était animé par un souci humanitaire qui transparaît dans la plupart de ses ouvrages, en particulier dans ceux qui traitent des problèmes du travail (et plus particulièrement de l'emploi) et de la répartition des revenus. Pigou a toujours été extrêmement préoccupé par la question du welfare, c'est-à-dire du bien-être des individus. C'est à ce problème qu'il a consacré son œuvre maîtresse, The Economics of Welfare, dont la première édition est parue en 1920 et qui reprenait (en le modifiant) l'essentiel d'un ouvrage de 1912, Wealth and Welfare.

Son principe de base est que le bien-être d'une société donnée s'accroît lorsque le bien-être de l'un de ses membres diminue moins que celui d'un autre n'augmente. Cet objectif se trouve réalisé principalement dans trois cas : lorsqu'il y a une augmentation du revenu total de la société ; lorsqu'on prélève une fraction du revenu des riches pour le transférer aux pauvres ; lorsque, sur une période de temps, l'inégalité entre les revenus diminue.

Pour lui, le domaine privilégié des interventions publiques est celui de la répartition des revenus et il se montre très favorable à une politique de transferts de richesses. Il s'appuie sur le concept de produit net marginal, qui s'articule avec la définition du bien-être. Le maximum de bien-être total est réalisé lorsque les produits marginaux des facteurs de production sont égaux dans tous leurs emplois. Mais il faut distinguer, à cet égard, entre les produits marginaux privés et les produits marginaux sociaux, cette dernière construction conceptuelle prenant en compte l'ensemble des ressources par les personnes privées. Or, c'est l'égalisation de ces produits marginaux sociaux qui conduit à un état de bien-être maximal.

C'est entre 1913 et 1941 que Pigou publie ses études sur le chômage (Unemployment, 1913 ; The Theory of Unemployment, 1933 ; Unemployment and Equilibrium, 1941). Or, c'est en réaction aux thèses défendues par Pigou que Keynes élabore sa célèbre Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936). Par la suite, ces deux auteurs développent des conceptions très opposées sur l'ensemble de ces questions, et également sur le problème de l'équilibre économique général. Pigou construira alors une analyse, fondée sur les principes de l'école classique, maintes fois reprise depuis et connue sous le nom d'« effet Pigou » ; il examine l'effet d'un mouvement de baisse des prix sur la valeur de la monnaie. En conclusion, il exprime l'idée qu'il serait possible de réaliser les conditions du plein-emploi en laissant suffisamment baisser salaires et prix nominaux.

— Christine BARTHET

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  • : licenciée en droit, diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris

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