CLARKE ARTHUR CHARLES (1917-2008)
Scénariste et auteur de 2001 l'Odyssée de l'espace, Arthur C. Clarke est le fils d'un agriculteur anglais. Né à Minehead (Somerset) le 16 décembre 1917, il est obligé d'interrompre ses études à dix-neuf ans pour entrer dans l'administration des finances. Mais il était devenu amateur de science-fiction dès treize ans, construisant son propre télescope au même âge et, à quinze ans, collaborateur régulier du magazine de sa grammar school. En 1939, il est membre de la British Interplanetary Society. Mobilisé dans la Royal Air Force (1941-1946), il y devint mécanicien radio, puis instructeur radar, avant de travailler – avec le grade de capitaine – aux premiers essais d'atterrissage guidé à partir du sol. Puis, en qualité d'ancien combattant, il entre à l'université de Londres et en ressort deux ans plus tard bachelor of science (licencié) en physique et mathématiques. Dès 1946, il devient président de la British Interplanetary Society ; la même année, ses premières nouvelles paraissent dans la revue Astounding. D'emblée, Clarke est à la fois écrivain, technicien et savant : trois cordes qu'il fait vibrer de concert au poste de rédacteur en chef adjoint de Science Abstracts (1948) avant de devenir écrivain à temps plein à partir de 1951.
Pour achever son portrait, notons qu'il se passionne pour la plongée sous-marine et qu'il découvre ainsi le Sri Lanka, où il s'établit à partir de 1956. « La mer est loin derrière nous..., écrit-il. Cependant, nous ne devons pas regretter notre patrie, car nous sommes en marche vers une nouvelle patrie, infiniment plus riche encore en promesses : l'espace. Paradoxalement, c'est là que nous pourrons retrouver beaucoup de ce que nous avons perdu en quittant la mer ». (Et la lumière tue).
Clarke est un poète des fonds marins (Les Prairies bleues, 1957) et de l'espace, qui pour lui n'est pas un désert vide mais bien, à condition de s'en donner les moyens, le biotope du futur. Comme les équipements de plongée, les satellites artificiels et les fusées sont des prothèses permettant à l'homme d'être chez lui dans un milieu maternel dangereux et accueillant. La « nostalgie du futur » est peut-être une « évasion » ; c'est aussi un appel à « la fin de l'enfance » et une invitation, pour la jeune humanité, à « sortir du berceau ».
Mais l'homme désire-t-il vraiment grandir ? Dans La Cité et les astres (1948-1956), il n'y a plus, sur la Terre endormie, que deux cités, une utopie technologique et une utopie écologique. Le temps s'est arrêté, et, pour le faire repartir, le choc et la fusion des deux villes seront nécessaires. Le voyage vers les étoiles, interrompu depuis longtemps, pourra s'épanouir à nouveau. Ce qui enraye le mouvement, ce n'est pas l'hostilité de l'espace, ce sont les pièges du temps.
Parfois l'humanité a besoin d'une aide pour trouver la sortie. Dans Les Enfants d'Icare (1950-1953), les créatures omnipotentes, venues d'une lointaine étoile, qui arrêtent les guerres sur Terre, causent un choc en se montrant. Elles font naître des enfants mutants, tandis que les derniers hommes « normaux » sont frappés de stérilité. La nouvelle espèce abandonne la Terre et transforme le Soleil en nova. L'homme nouveau est voué à la même destinée divine que les créatures qui l'ont transformé.
2001, l'Odyssée de l'espace (1951-1968) fait entrevoir une industrialisation du processus. La Terre a déjà été visitée à l'aube des temps par les Grands Galactiques ; ils ont modifié l'homme pour lui donner davantage de chances et ont laissé au passage une sentinelle pour les avertir lorsque leur protégé serait prêt à entrer dans l'âge de l'espace. Un spécimen est alors prélevé. Le test est catastrophique : hanté par la pulsion[...]
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Écrit par
- Jacques GOIMARD : historien de la science-fiction
Classification
Média
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