BALFOUR ARTHUR JAMES comte de (1848-1930)
Homme d'État britannique, Arthur James Balfour est né dans une famille de la gentry, petit-fils d'un marquis de Salisbury ; esprit brillant, d'abord attiré par les lettres et la philosophie, il fut l'auteur d'ouvrages métaphysiques comme les Fondements de la foi (1895). Il est progressivement amené à l'action politique sous l'influence de son oncle, lord Salisbury. Entré au Parlement en 1874, il doit à ses qualités intellectuelles et à sa parentèle de se faire remarquer au sein du Parti conservateur. Attiré par le programme de démocratisation du parti soutenu par Randolph Churchill, il sait garder ses distances et ménager la coterie opposée au projet. Ministre en 1884 et en 1886, il se voit confier des charges de seconde importance ; en 1887, il accède au cabinet proprement dit avec la charge de ministre responsable des Affaires d'Irlande : alliant la fermeté envers les auteurs de violences à une action sociale réformatrice, il fait de ce ministère le tremplin de sa carrière ultérieure et devient, en 1891, leader de la Chambre des communes et premier lord de la Trésorerie. Il retrouve ces fonctions en 1895, après l'intermède libéral. En juillet 1902, après la démission de son oncle, il est sans difficulté désigné comme Premier ministre du Royaume-Uni. Ses trois années de gouvernement s'avèrent difficiles : combattu par une large fraction de l'opinion publique pour des faits de politique intérieure (subventions aux écoles libres, indemnisation des propriétaires de débits de boissons alcooliques privés de leur licence), il doit faire face à la grave décision de Joseph Chamberlain de faire campagne pour un protectionnisme douanier ; sa politique extérieure active, son choix en faveur de l'Entente cordiale avec la France, le renouvellement de l'alliance en 1905 avec le Japon ne le sauvent pas d'une impopularité certaine. En 1906, les électeurs retirent leur confiance à un parti divisé ; Balfour lui-même, démissionnaire le 5 décembre précédent, est battu dans son fief de Manchester et ne revient à la Chambre des communes qu'à la faveur d'une élection partielle dans la cité de Londres. Chef de l'opposition jusqu'en novembre 1911, il mène alors la lutte contre le programme radical, plus particulièrement contre la réforme de la Chambre des lords . Actif et influent, il se voit confier l'Amirauté dans le cabinet de coalition de 1915 ; Lloyd George en fait son ministre des Affaires étrangères. À ce titre, en novembre 1917, il publie la Déclaration Balfour qui contient la promesse d'un foyer national juif en Palestine. Après avoir participé à la Conférence de la paix non sans avoir déploré le caractère de diktat des traités, il abandonne le Foreign Office pour le portefeuille de lord-président du Conseil. Il garde un rôle en politique extérieure et dirige la délégation britannique à la Conférence de Washington. Élevé à la pairie en mai 1922, il retrouve, de 1925 à 1929, le poste de lord-président du Conseil et est l'auteur, en 1926, de la « Définition » du nouveau Commonwealth britannique des nations adoptée par la Conférence impériale de 1926 et qui sera reprise dans le statut de Westminster en 1931. Au cours des dernières années de sa vie, il est porté au rang de « sage » dans son parti et dans la nation et il jouit d'une considération et d'un respect dont il n'a pas toujours bénéficié en tant que Premier ministre ou que chef du parti tory.
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Média
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