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GIELGUD ARTHUR JOHN (1904-2000)

Né le 14 avril 1904, fils de financier, annobli en 1953, sir Arthur John Gielgud grandit dans le quartier huppé de Kensington. Son père aurait aimé qu'il suive ses traces. Mais, en digne descendant, par sa mère, d'une lignée ininterrompue d'acteurs depuis le xviiie siècle et en cousin d'Edward Gordon Craig, il se découvre très vite une vocation : le théâtre.

Inscrit à dix-sept ans dans le cours Lady Benson, il est engagé, en même temps que d'autres élèves, comme figurant à l'Old Vic Theater. On lui confie une réplique unique dans Henry V. C'est sa première rencontre avec Shakespeare. À dix-neuf ans, il est le Roméo de Roméo et Juliette au théâtre Régent. Cinq ans plus tard, il triomphe dans Hamlet. Puis ce sera, durant sa longue carrière, « tout » Shakespeare – Mesure pour mesure, Richard II, Macbeth, Le Marchand de Venise, Othello, Le Songe d'une nuit d'été, Jules Cesar, Comme il vous plaira, La Nuit des Rois, Beaucoup de bruit pour rien. Et, bien sûr, La Tempête dont il demeure un Prospéro inégalé, personnage tout de magie, à la fois présent et éthéré. En 1957, il ira même jusqu'à concevoir, mettre en scène et jouer seul sur le plateau Les Âges de l'homme, un spectacle composé uniquement de monologues shakespeariens qu'il présentera dans le monde entier.

Élégant, fin, racé, ferme et doux, tout en charme et en poésie, la voix profonde et mélodieuse, John Gielgud est ainsi devenu un maître de la versification anglaise, métamorphosant certaines tirades shakespeariennes en arias d'opéra, sans pour autant perdre son naturel et sa simplicité. Concurrent dans ce registre de Laurence Olivier et de Ralph Richardson qui devint par la suite son partenaire de scène préféré, il s'illustre très vite dans d'autres univers de la scène, notamment celui de Tchekhov. Il joua Trofimov dans La Cerisaie en 1924, Touzenbach dans Les Trois Sœurs en 1925, Treplev en 1928, puis Trigorine en 1936 dans La Mouette.

Après la Seconde Guerre mondiale, il fonde sa propre compagnie – la première au Royaume-Uni à avoir des sociétaires permanents, bien avant la Royal Shakespeare Company, créée en 1961. Il s'y consacre, comme il se doit, essentiellement à Shakespeare. Bien qu'il ne participe guère au mouvement des « jeunes hommes en colère » (emmené par John Osborne), il s'impose auprès d'auteurs contemporains, tels que Christopher Fry ou David Storey. Peter Brook a dit de lui qu'« il était le théâtre anglais ». Il lui a offert des rôles de choix, non seulement dans un mémorable Œdipe de Sénèque (1968), mais aussi dans No Man's Land d'Harold Pinter (1975), après l'avoir dirigé dans Bingo d'Edward Bond (1974), une pièce iconoclaste où Gielgud interprétait le rôle de Shakespeare dans les dernières années de sa vie.

Si John Gielgud a débuté à l'écran dès 1924, le cinéma ne s'est vraiment intéressé à lui que fort tard, et, dans un premier temps, essentiellement pour des adaptations de Shakespeare, tel que le Jules César réalisé en 1953 par Mankiewicz (où il jouait Cassius). Il participe à des productions inégales, interprète des rôles secondaires avec de grands cinéastes dans Falstaff d'Orson Welles en 1966, Galileo de Joseph Losey en 1974, Elephant Man de David Lynch en 1980, Gandhi d'Attenborough en 1982. Mais Andrzej Wajda, avec Le Chef d'orchestre (1980), et surtout Alain Resnais, avec Providence (1977), vont lui permettre d'imprimer une marque plus durable à l'écran.

En 1991, John Gielgud tourne sous la direction de Peter Greenaway une adaptation expérimentale de La Tempête, Prospero's Book. Au théâtre, l'une de ses dernières grandes prestations sera The Best Friends de Hugh Whitemore, en 1987. Se consacrant presque exclusivement à la télévision et aux enregistrements[...]

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Écrit par

  • : journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à La Croix

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