MITCHELL ARTHUR (1934-2018)
L’aventure du Dance Theatre of Harlem
En 1966, Arthur Mitchell est invité à représenter les États-Unis au premier Festival mondial des arts nègres à Dakar (Sénégal). Le projet n’aboutit pas faute de financement suffisant. L’année suivante, une instance gouvernementale (United States Information Agency) lui demande de former le Ballet national du Brésil. Lors des derniers préparatifs, il apprend l’assassinat de Martin Luther King. Il décide alors de renoncer à ce projet pour aider la communauté noire. Il commence par mener un programme éducatif pour la Harlem School of the Arts durant l’été de 1968. Trente étudiants s’inscrivent. Il pense alors à laisser les portes de ses cours ouvertes et, en quelques mois, près de quatre cents personnes assistent à ses cours. Il aménage alors un garage à ses frais et, grâce aux fonds récoltés avec l’aide de George Balanchine et Lincoln Kirstein (cofondateur et administrateur général de l’American School of Dance et du New York City Ballet), il lance avec Karel Shook sa propre école de danse d’où sera issu le Dance Theatre of Harlem, première compagnie de danse classique afro-américaine, comprenant une vingtaine de danseurs en 1970. La compagnie fait ses débuts officiels avec un programme de trois ballets d’Arthur Mitchell en 1971 au musée Guggenheim de New York. Son répertoire comprend des pièces de George Balanchine et Jerome Robbins, mais aussi des relectures de ballets oubliés comme Shéhérazade de Fokine, Un tramway nommé désir signé Valerie Bettis et de grands classiques adaptés à ses danseurs afro-américains. Sa version « créole » de Giselle, transportée au milieu des plantations dans la Louisiane du xixe siècle, est particulièrement remarquée, tout comme celle de L’Oiseau de feu qui se déploie dans une jungle luxuriante. Arthur Mitchell encourage de jeunes chorégraphes afro-américains comme Louis Johnson ou Billy Wilson à créer pour la compagnie. Au cours des années 1970 et 1980, le Dance Theatre of Harlem devient une institution de classe internationale, avec un effectif de plus de cinquante danseurs, qui tourne dans le monde entier. Danseur chorégraphe visionnaire, Arthur Mitchell a autorisé tous les Afro-Américains, mais aussi tous les enfants de Harlem, à se rêver en stars du ballet. Néanmoins, il faudra attendre 2015 pour qu’une danseuse classique noire américaine – Misty Copeland – soit promue danseuse étoile aux États-Unis…
Couvert d’honneurs et de décorations, Arthur Mitchell décède le 19 septembre 2018, à Manhattan, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Agnès IZRINE : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse
Classification
Média